nommer, croire, survivre aux formes
série de textes ( extrait ) prise de conscience, changements de narration. Rester dans la perplexité d’une émotion, d’un événement, d’une honte.
3011 — Nommer la chose (2025-04-22)
"Écrire ce que l’on ne peut pas dire. Nommer la chose, même si elle fait peur. Surtout si elle fait peur."— Méthode Olbren, notes internes
Angle : nommer = prendre le risque de fixer, donc honte de “mal nommer”, et peur d’être capturé par le mot.
Dispositif : texte construit sur une série de tentatives de nomination (A / B / C) → aucune ne tient → la chute est un geste.
824 — Ressassement (2025-03-20)
D’abord, ce n’était qu’un doute fugace, une perplexité vague. Puis, au fil des heures, cela s’était épaissi, chargé d’un poids singulier, s’était infiltré dans ma journée jusqu’à devenir une inquiétude nette, un petit tourment installé. Alors j’envoyai un autre mail. Une relance, neutre, mesurée. Et rien. Pas un mot, pas un accusé de réception. Rien.
Angle : ressasser = rester vivant en rond : c’est une perplexité active “en cage”.
Dispositif : spirale contrôlée : chaque reprise doit ajouter un détail concret (objet / odeur / bruit), sinon tu coupes.
773 — Tenir tête (2025-03-01)
Mais cette fois, il y a du vacarme. Une époque qui grince, qui tangue, secouée par des secousses violentes, des fissures profondes. Ce qui semblait stable ne l’est plus. Ce qui passait inaperçu s’impose à nous avec la brutalité de l’évidence. Il y a du bouleversement dans l’air – et pas seulement dans l’air, dans la chair des choses, dans le langage, dans les silences que l’on voudrait imposer. Écrire devient plus qu’une habitude, une nécessité. Car si les mots vacillent, c’est que quelque chose cherche à les faire taire. Angle : tenir tête à quoi ? au récit automatique. Ici tu peux faire de la honte un moteur d’attention.
Dispositif : phrase-pivot répétée (exactement identique) ; autour, le contexte change, et c’est le contexte qui avoue.
1697 — Est-ce qu’on peut peindre quand on est mort ? (2022-07-03)
Est-ce qu’on peut peindre quand on est mort j’ai demandé, il y a eut un grand silence, j’ai encore eut l’impression d’avoir dit une bêtise… mais comme personne ne me répondait j’ai redemandé est-ce qu’on peut peindre quand on est mort et il y a eut le même silence.
Angle : question simple, abîme immédiat : honte d’être vivant / honte d’être “déjà fini”.
Dispositif : dialogue intérieur minimal : 6 questions, 6 réponses qui ne répondent pas.
3554 — 3 février 2019 (2019-02-03)
J’ai toujours cru aux fractales parce que ce sont elles qui me tiennent : un éclat minuscule contient le reste, un épisode en dit autant qu’une vie entière, alors je ne vois pas comment raconter autrement qu’en attrapant un morceau et en le laissant irradier. Dans l’adolescence il y eut cette jeune fille sicilienne que je retrouvais les soirs d’été au bord de l’Oise, du côté de L’Isle-Adam, avec son chien immense, toujours là comme une garde rapprochée et un secret en même temps ; elle venait en cachette de ses parents, disait que ça leur ferait de la peine, et je me faisais une histoire dans la tête, une histoire d’honneur, de rivalité, de drame plantée au milieu des maïs de l’Île-de-France.
Angle : la pensée “fractale” comme excuse et comme vérité ; parfait pour une fiction où la honte se cache dans la structure.
Dispositif : fragments numérotés qui semblent autonomes mais qui répètent un même motif (un mot, un lieu, un geste).
809 — Rage et gélatine (2025-03-11)
Il s’avance, Marronne, tempête sous brushing, torse bombé, sourire carnassier. La lumière des projecteurs l’engloutit aussitôt, sculptant son ombre sur le fond criard du plateau. Devant lui, les caméras pivotent, les techniciens s’agitent, un assistant lui tend un oreillette qu’il rejette d’un revers de main. Pas besoin. Il sait déjà ce qu’il va dire, comment il va frapper. Le plateau s’électrise aussitôt, un mélange de nervosité et de cette sidération vaguement honteuse qu’on éprouve face à quelqu’un qui n’a plus de limites. Il n’entre pas, il surgit. Le plateau s’électrise aussitôt, un mélange de nervosité et de cette sidération vaguement honteuse qu’on éprouve face à quelqu’un qui n’a plus de limites. Sa chaîne ? Massacrée. Lui ? Victime. Tout ça ? Une ignominie. Il brasse l’air, foudroie les visages autour de la table d’un regard vissé sur l’injustice dont il serait le martyr. Il faut comprendre, il faut mesurer, il faut trembler : on lui a tout pris, et il ne laissera pas passer ça.
Angle : matière molle / colère / spectacle : tu peux l’orienter vers la honte d’être vu en train de réagir.
Dispositif : caméra (imaginaire) : chaque paragraphe commence par un cadrage (“plan large”, “gros plan”) mais sans jargon cinéma.
3468 — L’Instable… Glozel (2025-10-29)
Il croyait aux faits, à la solidité des démonstrations, à l’ordre du monde tel que l’exposaient les manuels. La superstition des campagnes était un ennemi qu’il combattait avec l’arme de la connaissance, une ignorance crasse qu’il fallait défricher, patiemment, chaque jour. C’est pourquoi, lorsque les premières rumeurs sur Glozel lui parvinrent, il n’y vit d’abord qu’une de ces fables de veillée, une histoire de revenants ou de trésor caché, bonne à effrayer les enfants.
Angle : énigme / faux-vrai / croyance : la honte ici, c’est de vouloir croire, et la perplexité active, c’est de ne pas trancher.
Dispositif : dossier (pièces 1–7) : chaque pièce contredit la précédente, et tu ne conclus pas.
1041 — Courroucer… une seconde fois
Le plus honteux, au fond, ne serait pas d’avoir trahi les autres, mais de s’être trahi soi-même ; les deux s’emmêlent, d’où cette démarche de crabe qui nous fait dire oui au merde et continuer quand même. Comme disait un grand-oncle rebouteux en me toisant, gamin : « Ne fais pas l’âne pour avoir du foin, mais courrouce les dieux et tu verras…
Parce qu’il peut devenir le “texte-mère” : honte = moteur, perplexité = méthode.
Illustration André Fougeron Les paysans français défendent leur terre
1953
Pour continuer
textes autour de la honte
Honte sociale
seconde série de textes sur la honte ( extraits) cette fois la honte sociale 1284 — Chercher un emploi (2021-12-26) Dans le fond chercher un emploi demande une dose certaine de pragmatisme, tout à fait comme créer un personnage de nouvelle ou de roman. Il faut poser un cadre strict et avoir un minimum d’exigences. Et généralement il faut que les choses se passent mal pour apprendre grâce à l’expérience et ainsi réduire la voilure. Angle : humiliation administrative + perplexité (“comment ce monde tient-il debout avec ça ?”). Dispositif : montage de dialogues (phrases d’entretien) + pensées en italique qui ne répondent jamais aux dialogues. 235 — 21 août 2024 (2024-08-21) ( à revoir ) Lecture de Penser librement d’Hannah Arendt cette nuit et matin, notamment l’essai sur Nathalie Sarraute et travail, l’oeuvre, l’action. Ce qui me ramène à la lecture très ancienne de Dostoievsky- notamment à partir d’un livre de René Girard ( peut-être critique dans un souterrain ) et bien sûr de Kafka, le Journal puis, sans enchaînement à 2019, à la pandémie de Covid. Le fait est que je commence vraiment à reprendre l’écriture quotidienne régulièrement à partir de ce moment-(octobre 2019 ?) Le résultat sera la publication de Propos sur la peinture, un ensemble de textes mis bout à bout rédigés sur peinture chamanique entre 2018 et 2019. Ouvrage mal fagoté, qu’il faudrait reprendre et améliorer ou bien complètement oublier. L’isolement social obligeant à « faire » absolument quelque chose de soi pour ne pas sombrer. Il y a aussi eu les vidéos sur la chaîne YouTube, plusieurs fois par semaine parfois. Une sorte de fébrilité, d’euphorie. Surtout lors du tout premier confinement. Dès le second, la lassitude, l’angoisse, notamment liée au fonctionnement de l’atelier, aux charges, me tombent dessus. Au troisième confinement, j’ai arrêté de publier des vidéos, me suis retiré des réseaux sociaux. Angle : beaucoup de matière “atelier / cadre / règle / groupe” : parfait pour un récit sur la honte dans un dispositif collectif. Dispositif : récit en “tours de parole” (comme AA/Zoom) : chaque tour avance d’un millimètre, et c’est ça l’action. 1878 — Bilan (2022-09-17) Depuis le passage de la Covid, les diverses canicules, la crise, l’atmosphère mortifère qui en résulte nous a tous affaibli. Que l’on trouve de plus en plus insupportable la moindre injustice, la moindre mesquinerie ? Enfin, je m’en aperçois de mon côté. Peut-être parce que l’on a tant espéré. Que tous ces événements surtout, n’interviennent pas de manière insensée, qu’ils puissent permettre de réfléchir à notre façon de vivre et de travailler, de tirer un certain enseignement de tout cela ? Mais, on voit bien que la déception, une fois encore, remplit l’espace laissée par ces espoirs. Angle : honte diffuse = addition de petites lâchetés (sans “grand crime”), donc perplexité : “où est la faute ?”. Dispositif : comptabilité (colonnes invisibles) : “entrées” / “sorties” / “reste à payer” — sans chiffres, juste le vocabulaire. 2461 — Le temps d’une rencontre (2023-02-14) -Je vous ai vu tout à l’heure au Parc Guell, répondit-t’elle , comme mise en garde il y a mieux, vous m’avez plutôt effrayée. j’ai vu que vous m’aviez suivie jusqu’ici. Pourquoi ne pas m’aborder plus tôt, j’ai pensé à un détraqué ou à un dragueur ajouta t’elle. Elle s’exprimait dans un français impeccable sans accent. -Je suis désolé je ne voulais pas vous effrayer je cherchais seulement une façon de vous aborder qui ne soit pas ...ambiguë... Angle : la rencontre comme piège moral : on croit agir librement, mais on est déjà en train d’obéir à un rôle. Dispositif : récit à deux voix, mais l’une des voix n’apparaît que par les formules (“bonjour”, “merci”, “comme convenu”). 994 — La procrastination va se développer. (2020-05-24) Personnage, seul en scène. (Lumière crue. Une chaise. Un cendrier plein. Silence au début.) J’allume. (Il tire.) Rien. La fenêtre. Le ciel. Rien. (Il tourne en rond.) Je monte. Je descends. Je remonte. Je redescends. La chaise. (Il montre.) Toujours la chaise. Tu la vois ? Tu la vois, toi ? Moi je la vois trop. Facebook. Mails. Slogans. Rien. Branler ? Même pas ça. Mais toi, qu’est-ce que tu branles ? Lui, qu’est-ce qu’il branle ? Moi, qu’est-ce que je branle ? Rien. (Lent, presque chuchoté.) L’olivier bourgeonne. Le figuier crève. Deux arbres. Deux destins. Et moi, planté entre les deux. Angle : procrastination = honte anticipée + peur d’être réduit à une fonction (ton thème “mission”). Dispositif : monologue-scène unique (théâtre) avec un seul accessoire récurrent (chaise / cendrier / ticket) = “preuve”. 596 — 31 décembre 2024 (2024-12-31) Mon habit est fait de cambouis, de boue, de baves et de buées. Il pèse. Il poisse. Il bat. Est-ce que je choisis de le porter ? Peut-être. Mais le choix, c’est quoi ? Ce n’est rien d’autre que se souvenir qu’il n’y a pas d’autre chemin. Revêtir ces oripeaux, tissés par des mains de femme, par la souffrance d’un homme. Par les perdrix, les faisans, les corbeaux. Par les cumulo-nimbus, les tornades, les ouragans, les cyclones. Et par ces petits matins clairs, aussi, où l’on regarde par la fenêtre et l’on découvre la neige sur les toits de terre cuite. Angle : fin d’année = inventaire, donc honte possible ; mais tu peux la traiter comme une météorologie de décisions. Dispositif : inventaire “sans opinion” (comme tu l’aimes) puis, à la fin, une seule phrase qui trahit l’opinion. 3123 — 15 juin 2025 (2025-06-15) Il mit la vidéo en pause et descendit se chercher un café. Tout cela était encore tellement confus. Sans doute faudrait-il visionner une seconde puis une troisième fois le film pour s’extraire de l’hypnose. Cette hypnose née du mélange de souvenirs d’enfance que les images en noir et blanc rappelaient. Façades d’immeubles, intérieurs de café, taches de vin rouge sur les tables, vêtements déjà vus jadis ou plutôt entrevus. Ces vestes, mon dieu, ces vestes qui vous posaient là. L’entraperçu devenant meilleur vecteur soudain que ce qui un jour fut vu. Sous la vidéo, les commentaires s’entassaient. Angle : format court idéal pour une fiction “mission minuscule” : un acte simple qui te fait basculer. Dispositif : protocole (étapes numérotées) qui se dérègle à l’étape 4 — et c’est là que la honte surgit. 246 — 1er septembre 2024 (2024-09-01) Ce n’est pas facile, on pourrait le croire, ça va chercher quand même très loin à l’intérieur du ressort humain, c’est forcément des reliquats très anciens, des choses qu’on dirait ésotériques, une sorte d’enseignement caché réservé aux initiés, le reste étant en gros des béotiens, quand on ne vous traite pas de con tout à fait ouvertement désormais. C’est l’époque, on navigue ainsi entre félicitations pour rien et mépris pour tout. Un vieux manichéisme mal digéré, du nazisme, ni plus ni moins, très fatiguant de s’en rendre compte. On s’en rend de plus en plus compte, je ne sais pas si vous le remarquez, ça devient d’une limpidité aveuglante, une tarte à la crème, un poncif, un cliché. Angle : anniversaire / seuil / “ça fait un an” → parfait pour articuler perplexité active : “qu’est-ce qui a changé, exactement ?”. Dispositif : trois dates, même scène, trois interprétations incompatibles. Illustration Nord-africains aux portes de la ville (Tryptique de la honte I), 1953. Huile sur toile, 195 x 130 cm, Musée de l’Histoire de l’immigration|couper{180}
textes autour de la honte
Honte comme "organe" de survie
Liste de textes en relation avec plusieurs types de hontes. Trois familles de récits avec pour chacun de ces textes un angle + un dispositif, pour l' essentiel une contrainte formelle simple qui “installe” l’entre-deux sans psychologie. première série de textes Honte comme “organe” de survie (micro-panique, ridicule, effacement) 1041 — Courroucer les dieux pour avoir du foin. (2021-04-12) Tant qu’il y a de la honte, tout n’est pas perdu : elle sert de plan, de balises et de griffures pour se repérer dans le labyrinthe qu’avec l’âge on baptise épopée, histoire de quitter ce monde sans regret, en croyant lui avoir donné un sens et, qui sait, devenir soi-même un peu sensé. Angle : la honte non comme morale, mais comme preuve de vie (tant qu’elle pique, on n’est pas entièrement anesthésié). Dispositif : refrain qui revient 4–5 fois avec une nuance (“tant qu’il y a…”) + une scène minuscule qui contredit le refrain. 1879 — Explorer le ridicule (2022-09-17) Toutes ces choses que l’on s’empêcherait de faire juste en raison d’une peur d’apparaître ridicule. N’a-t-on jamais envie de l’écarter cette peur ? De lui dire va t’en, tu es la chose la plus pénible, la plus ennuyeuse que je connaisse ici-bas sur la terre. Mais non. Elle se tient toujours ici ou là comme une lancinante blessure qui se rouvre encore et encore. Et, ce même quand on pense en avoir fini avec elle. Angle : peur du ridicule = peur d’être assigné à une forme (donc déjà mort socialement). Dispositif : liste d’actions “ridicules” + à chaque item, un contre-item “héroïque” qui est en fait plus ridicule. 3218 — paupière tombante (2025-07-28) Voir la honte au moment même où elle vous prend, c’est voir par en-dessous. Par défaut. À rebours. Ce n’est plus une image, c’est un voile. Angle : honte comme filtre optique (le monde “bistre”, opaque) : la honte altère la perception avant d’altérer le récit. Dispositif : narration par dégradations visuelles (net → brouillé → écran) sans expliquer “pourquoi”. 551 — Relecture de la honte (2024-12-08) En lisant Ernaux, Duras, Woolf ou même Cioran, je vois que leur honte est aussi la mienne. Que leurs failles sont les miennes. Et c’est peut-être ça, la plus grande leçon de mes lectures : écrire, ce n’est pas guérir. C’est habiter ce qui nous fait mal. C’est brûler, un peu moins seul. Angle : la honte revient comme une mise à jour (pas un souvenir, un patch). Dispositif : 3 couches : (1) scène brute, (2) note de marge froide, (3) “erreur système” (une phrase très sèche). 742 — 8 février 2025 (2025-02-08) Des fois, j’ai honte, des fois non. Ça dépend de la résonance du monde. Si j’ouvre la fenêtre et que j’entends les oiseaux, oui. Si j’entends le camion-poubelle, non. La honte ne dépend pas que de moi. C’est la résultante d’une mise en scène, à la fois côté cour et côté jardin. Il est assez rare d’avoir honte assis dans une salle de cinéma. Cela ne m’est arrivé que trois fois, au collège, lorsqu’on m’infligea la vision d’Auschwitz, le père Kolbe se sacrifiant à la place d’un autre. Mais honte pour nous tous. Pour l’espèce. Angle : honte variable selon la “résonance du monde” : tu poses la honte comme un phénomène physique. Dispositif : trois reprises de la même phrase, chaque fois avec un paramètre différent (lieu / heure / témoin). 1968 — Blocage (2022-10-16) Se bloquer, se braquer, à ban donner, saut poser, se rat masser, se re croque vriller, s’enfouir, fuite, fuguer, ne plus rien vouloir savoir, détourner le regard, panser autre chose que ça l’impensable, paniquer, aller dans tous les sens à partir du point d’impact, circonvolutions alambiquées, l’esprit bat la campagne sans autre but que de battre la campagne, diverger, être paralysé simultanément le corps ici ou là, la tête ailleurs, faire attention impossible, humiliation éprouvée aussi comme réflexe, impression d’être idiot, de ne pas valoir tripette, s’en vouloir de ne pas être comme les autres qui comprennent au quart de tour, les détester pour exister tout de même, les réinventer pires encore qu’ils sont, et se réinventer en creux par la même occasion, se distraire pour oublier. Enchaîner les échecs. Perdre confiance, se mésestimer, se haïr, s’isoler, vouloir mourir. Manquer d’humilité. Être orgueilleux, prétentieux, vaniteux. Marcher à côté de ses pompes. Ne pas vouloir rentrer dans le moule. Angle : blocage = stratégie honteuse pour ne pas faire face à une conséquence. Dispositif : dictionnaire personnel (entrée “bloquer”) → exemples → une seule scène qui prouve que le dictionnaire ment. 910 — 02 novembre 2023 (2023-11-02) Les chemises blanches. Relire Barthes — "Saponides et détergents". Cette blancheur idéalisée, médiatisée. Paic, Omo, Persil : les marques ressurgissent avec leurs parfums. Mais rien n’était jamais aussi blanc qu’à la télévision. Sauf les chemises de mon père. Le col, les poignets. Mais à quel prix. Ma mère, au-dessus de l’évier, frottant, K2R en main. Le blanc impeccable était une ascension. Une victoire quotidienne. Angle : la honte “arrive” comme un événement météo (sans cause claire), donc perplexité active immédiate. Dispositif : temps réel + interruptions (micro-coupures, comme un Zoom qui freeze). 149 — 02 juin 2024 (2024-07-26) Vertige de la chute, ralentissement du temps, des lueurs dans l’obscurité, chaleureuses, aimantes et qui ont le pouvoir de soulager la gravité. Des anges. Qu’as-tu fait de ta vie ? Et c’est la projection d’un film en accéléré, un évier qui se vide. Rien. « Ne te juge pas si sévèrement », me dit l’une avec gentillesse, « il y a aussi tout ce que tu ne dis pas, le silence entre les images. » Au réveil, l’interstice est le gibier que j’entrevois à peine qu’il s’enfuit doucement dans le sous-bois. Angle : honte + témoin (réel ou imaginaire) : tu peux en faire une mécanique de tribunal intérieur. Dispositif : “procès-verbal” : phrases courtes, constat, aucune psychologie, seulement des faits et des formulations. Illustration André Fougeron Massacre à Sakiet (Tryptique de la honte III), 1958. Huile sur toile, 97 x 195 cm, Tate Modern London|couper{180}