On ne le sait que tardivement, mais la notion du vrai aide beaucoup pour écrire d’admirables fictions. Plus on imagine être sincère et vrai, mieux cela fonctionne. Dans l’écriture et probablement dans la vie de au quotidien. S’en apercevoir, crée un choc supplémentaire dont on pourrait se passer. Sauf si l’on veut écrire. Enfin, j’en arrive à cette conclusion.

Écouter une personne, n’importe qui, peu importe, raconter une histoire. Presque aussitôt la fiction est là. Dans le ton, dans la manière, dans l’emploi des mots. Peut-être faut-il volontairement l’oublier pour écrire. Avant de s’en souvenir. S’en souvenir aide assurément à la relecture. Sûrement aussi que c’est exactement pour cette raison que j’ai un mal de chien à me relire. Améliorer un texte, c’est ce que l’on désire faire en se relisant. Précisément pour dissimuler quelque chose qui nous saute soudain aux yeux. Telle ou telle maladresse ou exagération. Pourquoi faire tout cela, je bute sur ce pourquoi encore. Ma peur, c’est d’inverser le cours naturel des choses, je crois. Que la fiction devienne la réalité plutôt que l’inverse. Certainement, un garde-fou que je me suis inventé de toutes pièces.