fragilité

Regarde les feuilles de la grande plante dont les minuscules doigts semblent s’accrocher à la façade. Nous l’avons plantée dans un pot deux années auparavant déjà et elle atteint presque les fenêtres du grenier. Feuilles jaunes et marrons vidées de leur vie. Ployant de leurs branches. Impression étrange. On se souvient du printemps passé où tout a recommencé. Les minuscules pousses devenues vigoureuses avec les mois. Assister de nouveau à la fin d’un cycle. Est-ce que la croissance ne nécessite pas ces cycles de mort et renaissance ? On aimerait y croire. Alors, on se projettera. Ainsi, on ne parle plus de plante, mais de soi.

C’est d’une même fragilité et d’une même force qui paraissent se réunir dans l’acceptation. Accepter le foutu cours des choses. Toujours la même résistance que je perçois à ne pas vouloir l’accepter. À demeurer du côté du fragile sans jamais explorer complètement son tréfonds, c’est-à-dire m’abreuver à sa force. La refusant obstinément. Pour ne pas être trop fort. Avoir tellement la trouille de cette force. Imaginant que l’intégrité de l’être ne saurait pas y résister. Devenir surhumain, toujours le même effroi.

Devenir féminin finalement n’est-ce pas de cet ordre ? Est-ce un effroi réservé aux hommes, je ne le crois pas. C’est de l’ordre du vivant quels que soient son genre et sa perception de celui-ci. Suis-je different de cette ampelopsis. Je l’imagine immédiatement au féminin. Pas pour rien.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener