sensation du lit

peinture Gérard Garouste

Toute la nuit fut marquée au sceau du lit. J’ai dressé mentalement l’inventaire de tous les lits dans lesquels j’ai dormi. Il y en a beaucoup, énormément. Une véritable pagaille de lits en tout genre. Des gros lits double de bois massif de mon enfance ( presque certain qu’ils sont de chêne) aux lits simples, paillasses, ou lits de camps, lits de fortune ou d’infortune et qui ne nécessitent pas de description trop précise aujourd’hui. Car le seul, l’unique lien que je suis en mesure de créer dans cette multitude hétéroclite c’est la sensation d’être allongé dans un lit. Et même pendant que j’y songeai soudain allongé dans un nouveau lit cette nuit, je me disais qu’elle n’avait pas changée, qu’elle était là même, exactement et ce quelque soit la modification qu’aura subit le corps au fur et à mesure de ses levées et couchés.

La sensation d’un corps en sécurité dans une durée temporaire. Une sécurité crée de toutes pièces bien sur par la volonté de s’allonger, de se recueillir entre les draps, sous un édredon, une couette ou simple couverture de laine, peu importe. L’invention enfantine d’une sécurité protectrice qui n’aura jamais eu de cesse de se mouvoir en silence de lit en lit durant toute une vie, et ce quelque soit l’entourage, le pays, la joie ou la peine éprouvées durant la station debout du corps, quelques soient les pensées envahissant la tête, quelque soient les chagrins obscurcissant le cœur. Et que ce corps soit hébergé dans un château, un appartement luxueux, un pavillon de banlieue, une cabane de pêcheur ou dans les bois, tout au nord du Portugal, sans confort, cette sécurité protectrice du lit n’a jamais failli. Et quand bien même est-elle pure illusion, l’empreinte qui a marqué entre le corps et le lit cette relation de confiance, je ne puis la défaire par la raison ni le discernement, elle reste toujours bien vivante.

Jusqu’à me demander parfois si cette chaleur humaine ressentie lorsque je n’y étais pas seul, n’est pas, elle aussi une invention salvatrice, une sensation dans laquelle on prend habitude de refuge tout autant que lorsqu’on est seul à réchauffer les draps glacés d’un lit par la température de son propre feu. Un lit unique au demeurant et qui vogue au travers les vicissitudes de l’existence.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener