Tsunami
La misère on lutte contre de toutes les manières durant des années, une vie entière, mais en certaines circonstance, l’âge n’aidant pas, on voit bien qu’on n’a plus la peau si dure. La misère matérielle on peut encore à peu près s’en arranger mais la misère mentale c’est autre chose. Comme si peu à peu des digues se fracassaient en silence, comme si la misère d’avoir été si longuement repoussée se mettait sitôt que l’occasion ,si infime soit elle , se présentait, à pénétrer en force dans l’esprit ravageant tout les fragiles édifices aussi idéaux qu’enfantins qu’on avait cru lui opposer. Une porosité, une imbibition, une capillarité, et peut-être n’y a t’il aucun mot suffisamment explicite pour rendre compte de toute cette merde qui s’engouffre dans notre esprit désormais. Tout n’est plus que merde ersatz de merde succédané de merde. Mais on fait comme d’habitude malgré tout on se blesse résolument seul dans ce combat inégal, on ne fait chier personne. On se tait. C’est sûrement ainsi qu’elle nous préfère une fois qu’elle nous a maté la misère. On peut essayer de la baiser mais elle ricane elle hurle au viol et les flics s’amènent… A la fin tu démissionnes mais qu’on te flanque en prison ou ailleurs ça ne changera pas grand chose il y aura toujours autant de merde dans ta tête aussi bien dedans qu’au dehors. Le mal est fait, il est bien fait.
Et on admire le courage , même s’il nous semble imbécile, de ceux debout encore, il ne nous reste guère que ça de noblesse, alors on s’y accroche pour ne pas totalement sombrer dans l’horreur du monde et on a peur parfois au bord d’en claquer que cette noblesse là ne soit encore qu’un piège, qu’une pauvre illusion.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}