Accumuler, vider
Je ne compte plus le nombre de billets. Mais il y en a beaucoup, énormément, trop. Sur ce blog j’ai accumulé durant quatre années beaucoup de textes que rien ne semble relier les uns aux autres à part un ordre chronologique. Rien, peut-être pas. C’est la notion d’accumuler quelque chose finalement qui est le lien. Comme lorsqu’on éprouve une peur du vide, je n’ai jamais aimé les pièces trop vastes autrement qu’en les remplissant progressivement de tout un tas d’objets hétéroclites voire incongrus. Comme jadis enfant je détestais ce silence affreux entre les gens surtout lorsqu’ils se parlent. Malgré quelques tentatives pour être zen et pas mal de crampes à la clefs dans les articulations j’ai souvent échoué à ne pas trop envahir l’espace. Tout au contraire on me l’a souvent dit et sur divers tons : tu prends toute la place. Je ne crois pas du tout que ce soit par négligence envers autrui, ni par égocentrisme, non c’est purement de la trouille, la trouille d’être englouti par l’espace, qu’il engloutisse le peu, l’infime que je suis parvenu avec le temps à considérer comme étant moi. Bien sûr je ne parle pas de ce pantin que j’affiche et que je peux désarticuler à l’envie en toutes circonstances, non celui là n’a d’espace aucun besoin sinon celui de l’imagination pour le transformer en putching ball collectif. Il en faut bien un pour vider toute l’angoisse du monde l’amour qui se dissimule avec. Quelques siècles plus tôt je crois qu’être martyr ne m’aurait pas déplu, d’autant que la durée de vie de martyr me paraît avec le recul bien plus supportable que toutes ces longues années noyées dans la répétition et les redites. Ces derniers jours j’ai rangé mon atelier une fois de plus de fond en comble, et mes papiers … ah les papiers … bref je suis donc en train de lorgner sur ce blog désormais. Envie de le vider progressivement de son trop plein, de faire le vide. Et puis si au moins j’écrivais pour me relire de temps en temps… mais non, comme tout le monde ou à peu près je me réfugie derrière le prétexte du temps, avoir ou ne pas avoir le temps de faire quoique ce soit, vous savez bien.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}