Leurs festins invisibles

Il est des vérités qu’aucune conscience saine ne devrait frôler. Parmi elles, celle-ci : nous ne sommes point au sommet de la création. Non. De par-delà les siècles et les sphères, d’antiques entités — informes, innommables — festoient de nos affects les plus troubles. Peur, haine, honte : effluves psychiques qu’elles aspirent avec une voracité immémoriale. Tels des pâturages sensibles, nous alimentons leurs banquets d’ombre. Nul fer, nulle prière ne saurait les blesser. Seule peut-être l’insanité — ou un détachement si glacial qu’il en devient sacrilège — nous rendrait impropres à leur vorace attention. Mais qui, humain, saurait ainsi se vider ?

On peut évidemment penser à une métaphore. Et si ce n’en était pas une ?