Images rémanentes
La voiture qui se gare dans l’allée, les ombres mouvantes des prunus sur la carrosserie/ le bruissement des feuillages/le ciel bleu et le silence soudain/ les gens rassemblés tout autour d’un trou dans la terre/
Des tâches de sang dans la neige. Des cadavres d’oiseaux morts, des merles.
La parodie de sérieux de monsieur le recteur levant son calice au-dessus des chères têtes blondes.
Le rictus, la bouche tordue du professeur de mathématique caressant la nuque de T.
La balle de tennis qui roule vers un angle du terrain
le calvaire la nuit, les statues de plâtre blanc, la frousse qui donne des ailes, la rivière qui coule tranquille à côté de nous.
Il faudrait les réunir en un temps et un lieu. Presser le citron jusqu’à la dernière goutte, comme si on pouvait mourir ensuite, le boulot fait
La chaleur fait trembler la route, voir au loin le hameau, il ne se rapproche pas au fur et à mesure que j’avance.
La bête se tient debout sur ses deux pattes arrière elle mesure au moins deux mètres de haut, la bave lui coule de la gueule, elle tourne la tête un peu de trois quart, un oeil rond et rouge, elle avance comme si elle était sur des patins à roulettes, le ridicule de se faire une fois de plus dévorer.
Les grains de poussière flottant dans le raie de lumière. Le duvet qui tombe lentement, le vent ébouriffe les feuillages des prunus, au haut de l’escalier une petite fille brune prononce un prénom avec un accent étranger