27.Les bords de la toile.

Révélation 50x50 Huile et fusain sur toile

—Tu n’as rien compris au film, me dit Salvador. Tu vis dans une toile sans bord. Une toile qui ne s’arrête jamais de ne pas vouloir en finir. Tiens voici mon coupe-papier, il est précieux je me suis suicidé mentalement mille fois avec, il est un peu usé comme tu peux le constater.

Salvador moustaches au beau fixe m’indique un point sur la gauche de son habit d’académicien. C’est là qu’il faut peindre le point rouge, et regarder dans le miroir pour ne pas se louper.

—Suicider le reflet !

Puis peindre les bords de la toile en noir. Faire un deuil, ne pas oublier une avalanche de cotillons, un feu nourrit de pétards .

Enfin très important ! Installer Dieu sur un nouveau piédestal et croquer dans une fraise bien juteuse.

Sinon tu n’es qu’un peintre en bâtiment mon petit vieux.

Sans bord c’est inutile et harassant !

Reprends un carré de ce chocolat qui rend fou et tu verras des lutins couleur rose bonbon.

Il faut en finir pour commencer mon petit vieux !

Je me réveille avec un sale gout dans la bouche. Trop de whisky hier soir. Pourtant j’ai restreint la dose ces derniers temps. Deux verres seulement me suffisent pour m’évader d’ à peu près toutes les conversations à la con.

Je mets un moment à choisir si je m’enfonce dans le rêve ou si j’agrippe la première réalité illusoire à ma portée.

Et puis je me lève, un pas après l’autre, je me fous de savoir si c’est le droit ou le gauche.

Café !

C’est dimanche et c’est le grand jour. Maria nous a promis qu’on allait assister à un coup d’éclat des reptiliens. Le premier tour du scrutin. Un enfumage de première pour nous faire croire que nous choisissons quoique ce soit.

—Pas besoin de boule de cristal pour comprendre que tout est déjà plié, réglé dans la boite dit Pablo. D’ailleurs pourquoi chercher à comprendre... il suffit de fermer les yeux et on trouve.

— Je ne comprends pas pourquoi personne ne se rend compte. Désormais que je vois le fil blanc, je ne peux plus ne plus le voir.

Salvador, moustaches à 21h15.

— Attend je sors mon pendule, tu as encore évoluer depuis hier. Puis il pose un cercle de plastique mou de 360 ° sur la table du petit déjeuner et en fermant les yeux il place le pendule au dessus. Enfin il ouvre à nouveau les yeux et semble compter quelque chose.

—350 sur 360 mon cochon, c’est quasiment parfait !

Je le regarde interloqué.

Tu es très au dessus de la fréquence moyenne des individus mutants entre la 4ème et 5ème dimension. Encore 10 petits degrés pour ne plus du tout être entravé par ton égo. Mais hi hi ne te réjouis pas trop vite, ce sont les 10 degrés les plus difficiles à gravir.

Je me demande si je vais prendre un doliprane ou un verre de whisky afin de soigner le mal par le mal. Mon cœur cogne contre mes tempes.

Je jette un coup d’œil par la fenêtre de la cuisine. Le jour se lève doucement, et une mince clarté déjà semble annoncer le beau temps.

Puis je sors dans la cour, j’allume une cigarette et je repense à la phrase de mon rêve

Tu vis dans une toile sans bord.

Je ne sais pourquoi les mots fiction et réalité se transforment soudain en mouches à merde, un joli bleu électrique.

je les regarde voleter vers le chèvrefeuille, le jasmin et le lilas comme s’il s’agissait d’un couple de papillons amoureux.

Post-scriptum

haut

Pour continuer

import

Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

import

technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

technique mixte 70x70 cm

import

La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener