Abolir le hasard en peinture.
Quand la science moderne évoque le hasard c’est toujours parce qu’elle se trouve face à une impasse qui lui demande de reconsidérer ses hypothèses de départ. On pourrait dire qu’elle botte en touche ainsi, comme les sèches elle se carapate en projetant un nuage d’encre pour tenter de brouiller les pistes à tous les adeptes du bon sens.
Quand on accepte que le hasard n’existe pas la vie est beaucoup plus simple. Mieux, tout prend un sens.
Encore faut-il ne pas se tromper de sens en confondant son bon vouloir avec la réalité. Réalité dont à priori nous ne savons rien à part pour les plus futés qu’elle existe, qu’elle est présente, qu’elle brille par la présence si je puis dire de sa perpétuelle absence.
Car chaque fois que l’on s’accroche un peu trop à une réalité il est de bon ton qu’elle s’évanouisse. Comme pour nous dire justement : "doucement je ne suis pas une fille facile".
Et c’est sans doute pour cela que l’on confond souvent les femmes et la réalité. En les sublimant dans un premier temps, puis en les conspuant lorsqu’on se trouve confronté à nos propres déceptions.
Le respect est primordial ici . Respecter la réalité c’est aussi respecter l’idée de l’instant présent, d’accepter tout ce qu’il nous présente, y compris le hasard en tant que présent.
Aussi abolir le hasard ce n’est pas le répudier dans la catégorie insensée des aléas. En peinture non plus on ne joue pas aux dés.
La seule raison qui reste en tant qu’obstacle est simplement le saut à effectuer qui transmute la peur en foi.
Je ne donne pas de recette pour effectuer ce saut. Il est propre à chacun d’effectuer le sien selon sa nature, et surtout ses intentions d’origine. A ne pas confondre avec les petits désiderata du quotidien.
On ne se sert pas du hasard pour briller, pour paraitre, pour vendre quoique ce soit. Ce n’est pas prévu comme ça.
Par contre pour peindre oui, c’est à dire comprendre l’équilibre, l’harmonie, les lignes de force, l’ombre et la lumière, appréhender une unité dissimulée sous les contraires, les opposés en chevauchant la vitesse des paradoxes.
Oui vraiment, c’est à cet instant que le hasard est un allié, le meilleur de tous sans aucun doute.
Cependant que pour ce faire la conscience doit s’élargir. On doit sortir d’une habitude de voir uniquement ce que l’on veut toujours voir. De ce programme installé comme une routine qui nous porte à toujours voir les mêmes choses tout en ignorant toutes les autres.
Comment y parvenir ?
Il n’y a pas de technique pour cela, et après de nombreuses années de réflexions semblables à autant de petits chocs qu’une mouche subit en se heurtant à la surface de la vitre pour trouver la sortie, je dirais qu’il faut vivre.
D’abord en toute inconscience. Puis une fois que l’on s’en lasse pour telle ou telle raison, s’éloigner de la répétition. S’asseoir et observer.
Car rien n’est fait pour rien. Et l’erreur est la brique de toute dextérité à venir une fois qu’on accepte de la considérer pour ce qu’elle est.
C’est à dire tout sauf un hasard.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}
