Bon qu’à ça

C’est la réponse de Samuel Beckett à la question posée « pourquoi écrivez-vous ? » juste trois phonèmes. Blaise Cendrars quant à lui aurait juste répondu un « parce que ! » coupant court sans doute à la moindre tentative d’en savoir un peu plus. J’ai relevé ces informations dans une émission de François Bon sur sa chaîne YouTube. L’intitulé de celle-ci est justement cette question du pourquoi.

En tant que peintre je me suis déjà beaucoup fourvoyé dans cette affaire louche du « pourquoi » A l’époque j’essayais de coller à un système bien rodé instauré par les galeries, les salons, le marché de l’art, à cette injonction de devoir s’expliquer sur les raisons qui peuvent pousser quelqu’un à peindre, d’autant plus si on se prétend « artiste-peintre » ( voir ma chaîne YouTube et la playlist « les raisons de peindre ».

Au bout du compte, les réponses que je formulerais désormais seraient proches de l’onomatopée. Un euh un hum un bouh un bla-bla-bla. Quelque chose proche du monde animal, un feulement, un hululement, un grognement, qui placerait la sensation de réponse pour l’interlocuteur dans un espace, une dimension primale.

A quoi cela sert-il de poser cette question sinon pour tenter de faire revenir l’écriture à quelque chose de commun, de facile à comprendre, d’interprétable à l’aulne d’une simplicité de façade,pratique, mais qui dans le fond survole l’essentiel.

Vous me demanderez alors c’est quoi l’essentiel ?

Et vous n’auriez dans un tel cas qu’un grognement à peine audible, un grognement proche du soliloque et certainement rien de plus.

Possible que renoncer à la tarte à la crème de ce fameux pourquoi ce soit un engagement, peut-être l’ultime et qui coïnciderait avec une maturité. Cette fameuse maturité dont j’entends parler de puis presque 60 ans désormais

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener