exposition Vals les bains
Il pousse la porte, jette un coup d’œil rapide à l’exposition puis vient se planter devant moi.
—Bonjour vous êtes l’artiste, c’est pas mal ce que vous faites.
Merci je réplique sans autre en le toisant sans même un sourire.
Il ne manquerait plus que j’en rajoute après une critique si constructive. C’est à cause ou grâce à ce genre de petites rétentions inopinées que l’on prendra peu à peu conscience de la distance que l’on a franchie à la fois avec soi comme avec le monde. C’est d’une précision mathématique.
Puis vient le moment du regret. Du j’aurais peut-être dû être un peu plus sympa, être un peu plus tolérant au minimum. j’aurais pu faire semblant de rosir d’aise, de me trémousser de plaisir, de remercier sans sombrer dans l’exagération ironique.
La possibilité de l’inconnu diminue avec l’âge, l’habitude de classer en catégories du déjà vu nous embourbe. Le miracle vient toujours quand on ne veut pas penser pas savoir quand on oublie tout cela, quand on perd toute volonté consciente ou pas de condescendance.
Rappelle-toi seulement de ta timidité première, d’oser ouvrir la bouche pour exprimer la moindre chose. Même un c’est beau. Comme si à chaque fois tu avais l’impression de te retrouver nu.
Tu as juste corrigé comme pour ne pas rester en reste.
-Le peintre pas l’artiste.
Mais ce n’était pas de la fausse modestie, c’est vrai que tu es peintre. Un artiste ne se mettrait probablement pas autant de bâtons dans les roues.