fascination
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Comme beaucoup, il t’arrive d’être fasciné. Mais est-ce vraiment plus fort que toi de t’engouffrer dans ce vortex que la fascination crée sitôt qu’elle surgit. N’y a t’il pas une configuration particulière qui, à un moment, dans la journée, dans la saison, dans l’année, te prédispose plus qu’un autre à te laisser dominer par son influence. A désirer plus que toute autre raison à te laisser aller et céder à cette séduction devenue non sans surprise, irrésistible. En cherchant un peu tout au fond de toi-même, tu ne tardes pas à découvrir que cette configuration particulière dans laquelle la fascination devient un centre, provient avant tout de ta disponibilité à bien vouloir être fasciné. Ce qui une fois le mécanisme détecté, provoque presque aussitôt un retrait, un reflux, c’est à dire une volonté, assez obscure, de vouloir y mettre terme ou en tous cas te ressaisir par un surcroît d’attention afin d’y resister. Il y a donc un mouvement double provoqué par toute fascination. D’un côté la volonté d’être bon public et de t’immerger presque entièrement dans cette étrange absence de libre-arbitre. Et, simultanément ce rejet parfois violent et qui tire vers un genre d’extrémisme. Qui cherche ou désire, dans une urgence suspecte à vouloir l’abolir sitôt que tu en prends conscience. Tu peux désormais remonter assez aisément le cours des événements de ta vie comme on démonte un jeu de poupées russes afin de parvenir à cette toute première fois où tu te seras livré à ce besoin d’être fasciné , par un objet, une idée ou un être et qu’aussitôt, en éprouvant le danger tu te seras arc-bouté pour tenter de t’en évader. Et si tu creuses encore plus lucidement ce mécanisme tu t’apercevras non sans dégoût ou horreur que la plupart des relations que tu as entretenues avec autrui n’ont été construites qu’ainsi, dans ce double mouvement d’attirance puis de rejet. Tu pourrais évoquer le mauvais sort, la malediction qui auront provoqué ce mécanisme perpétuel, en empruntant encore une fois un point de vue de victime. Mais tu te doutes que ce serait désormais beaucoup trop facile, qu’ainsi tu ne prendrais pas suffisamment la mesure de ta responsabilité dans ce genre d’affaire. Que tant que tu n’auras pas élucidé cette propension qui te pousse d’une fascination vers une autre, avec toute la cohorte de tes fuîtes, tes hontes ta culpabilité, tu resteras immobilisé comme un fossile dans un morceau d’ambre au fin fond des profondeurs de la mer Baltique. Inutile aussi de vouloir lister ou détailler tout cela dans une sorte d’urgence qui serait tout autant une fuite. S’enfuir encore dans l’action d’écrire toutes ces choses, ces anecdotes par exemple, te semble suspect, ou enfantin. Et puis n’est-ce pas ce que tu as déjà fait mille fois sans jamais véritablement obtenir la sensation "vraie" de résoudre enfin cette difficulté une bonne fois pour toutes. Tout au plus de vagues bouffées de satisfaction douteuses qui se seront évanouies aussitôt que le doute aura surgit juste après les avoir rédigées. Il en va de même pour l’écriture bien sûr. Pourquoi la fascination et le rejet n’interviendraient- ils pas tout autant vis à vis de celle-ci. Surtout vis à vis de celle-ci. Car au bout du compte tu constates à quel point désormais elle "cristallise" à la façon dont Stendhal emploie le mot, tout un univers personnel crée par ce mouvement d’attirance et répulsion. Et tout à coup naît aussi ce pressentiment inquiétant comme jamais pressentiment ne le fut. Que personnel et factice sont devenus les meilleurs synonymes. Tu ne peux plus échapper à cette impression, fascinante elle aussi, que le "personnel" est une invention tout comme celle de l’individu, et cette solitude dans laquelle tu te réfugies pour désirer l’oublier. Cette solitude des êtres qui depuis toujours te fascine autant qu’elle t’aura indigné, que tu te seras battu pour en démonter pas à pas l’illusion. Cependant que la source des difficultés que tu entrevois est aussi cette illusion du collectif, du groupe, s’il n’est jamais autre chose qu’une somme d’individualités mensongères. Et pourtant le collectif est certainement tout autre que la simple somme de ses parties, un mystère encore intact au même titre que ceux d’une ville, d’une bibliothèque, d’une symphonie. En dernier recours il y aurait donc cette fascination pour le mystère pour cette part d’inconscience ou de hasard et bien sûr le mécanisme sera le même que pour tout le reste. La violence du rejet immédiatement au rendez-vous. Et cette fatigue inouïe qu’on éprouve au réveil, après avoir traversé des rêves emprisonné dans l’ambre des désirs et des regrets.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}