Implicite et explicite

C’est dans cette distance entre l’implicite et l’explicite que j’habite. Sans doute qu’écrire m’aide à mieux comprendre cette distance entre ces deux mots. Et donc à mieux mesurer mon propre espace. Souvent comme dans la vraie vie une sorte de réduit, une exiguïté, mais dont je ferais tout pour repousser les murs, à ma guise. C’est à dire que même la notion d’exiguïté qui serait pour tout à chacun évidente, même ça est sujet au questionnement. Ce qui revient à s’interroger sur la compréhension à la fois commune et personnelle de l’espace en général.

Toutes ces chambres d’hôtel où j’ai passé une grande partie de ma vie, je ne les ai pas choisies pour rien. Ce n’était pas une fatalité que je subissais, même si par lassitude parfois j’ai pu abdiquer afin de ne pas vouloir en cerner les vraies raisons, même si parfois je m’en suis plains pour pénétrer dans la peau d’un personnage Dostoieskien, seule l’imagination aura été responsable d’une telle plainte. Mais si je réfléchis aux avantages que j’ai pu tirer d’habiter ainsi dans une sorte de métaphore de l’exiguïté, de l’enfermement je pourrais bien être surpris par ce que j’y découvrirais.

Créer justement un espace propice à la création. Le seul au bout du compte qui me convienne. Le seul qui comme un port d’attache puisse me permettre de naviguer entre l’implicite et l’explicite, d’aller les explorer comme on explore des pays étrangers, puis revenir dans cet espace afin de mieux comprendre les raisons d’être de leur géographie, de leur économie de leur politique, leurs autochtones, leurs mœurs tout l’ensemble des us et coutumes, à la manière d’un ethnologue

Tout nous parait si évident quand on vit sans y penser, sans penser qu’un jour on va mourir. C’est cette évidence qui depuis toujours m’aura paru le plus suspecte. Comment pouvions nous nous enfoncer ainsi dans cette évidence qui de fait n’en est absolument pas une. Je veux dire l’accepter si facilement et de façon commune, de plus tacitement, implicitement. Et de quoi alors se constitue en creux tout l’explicite quand on possède un tel déni de l’implicite …

Je viens de découvrir un texte de Fabienne Swiatly extrait de son livre « Elles sont en service » que nous a proposé François Bon toujours dans le cadre de l’atelier d’écriture ##40jours la ville. Ce sont des portraits de femmes sur des lieux de travail la plupart du temps, avec une contrainte , un nombre de mots entre 70 et 90 tout au plus. Ainsi sous cette forme de paragraphes on peut apercevoir des vies, des portraits de femme dans l’univers de leur travail, et sentir en tellement peu de mots la contrainte sociale qu’elles subissent, la violence du monde L’accumulation de tous ces textes produit un effet troublant, sans grand discours, avec une économie de moyen ces petits portraits sont de grandes pièces j’y vois comme de très grands tableaux de très grands formats personnellement en tant que peintre.

Il y a aussi ce blog « la trace bleue » dont j’ai envie de partager le lien : https://latracebleue.net/index.php

Et puis soudain je me rends compte que je suis touché attiré par le fait que Fabienne Swiatly est née en 1960, son langage m’est compréhensible absolument tout autant dans l’implicite que l’explicite. D’une limpidité qui me secoue m’étreint.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener