impressions

Paul Cézanne La sainte Victoire

Ce sont les cellules du corps qui se nourrissent d’impressions comme la cervelle de pensées, le ventre de farfalles au pesto.

la pensée, le ventre, la langue ne devraient pas chercher a extraire quoique ce soit de l’impression, ce ne sont pas leur domaine.

la substantifique moelle de l’impression sera réservée à la cellule seule.

l’usage de la métaphore comme dérivation des impressions devrait être interdite par décret, ou mieux encore, l’inscrire dans la constitution.

Se sentir affamé, en manque de tout à un tel point, qu’on se rue sur la métaphore.

se laisser traverser de part en part par une impression. L’observer sans y toucher, sans la tripoter.

Est-ce que tu tripoterais une jolie femme qui passe devant tes yeux ? une vieille femme hideuse ? un crotale ?

une fois j’ai levé la main et un billet de 200 francs s’y est collé, j’ai juste eu le temps de voir le chiffre 200 et je l’ai aussitôt fourré dans ma poche de peur que ce ne soit qu’un rêve. Mais ce n’était qu’un rêve dans le rêve évidemment. Quel bénéfice en ai-je tiré ? quelques bières, quelques kebab du côté de Chateau-Rouge, le renouvellement des épices à l’épicerie africaine sous mes fenêtres. Tout est allé au ventre. Si je n’avais pas fermé la main le billet se serait envolé de nouveau vers une autre main, l’idée d’un billet de 200 francs qui vole ainsi de main en main et que personne ne saisit, que chacun laisse s’envoler à nouveau. J’étais peut-être un maillon d’une très longue chaînes de renoncements. Moi j’ai refermé la main sur ce billet. Ai-je failli, comme on fait faillite à ce moment là ? j’ai immédiatement songé que j’avais été choisi par la Providence, bien sûr. Grossière erreur de débutant.

Le beau temps n’appartient pas plus à moi qu’à personne d’autre. C’est sans doute pour ça que tout le monde dit il faut beau... pour essayer de partager cette impression qui n’appartient à personne, au lieu de dire quelque chose de concret comme : as-tu pensé à racheter des filtres à café ?

Ce qui reste d’une impression lorsque celle-ci a satisfait la cellule, est une scorie que la pensée peut parfois utiliser, mais de façon inconsciente. Que l’art aussi utilisé en toute inconscience. Sachant aussi qu’au dernier niveau de la maîtrise conscience et inconscience s’inversent, que César rend tout au centuple à son peuple.

j’ai l’impression qu’il va pleuvoir. Non tu n’as rien du tout, sauf des écailles devant les yeux.

Il était impressionnant. C’est à dire que toutes les cellules de mon corps attachèrent leur serviette leur cou et s’emparant de leurs couverts, firent dans mon corps un tintamarre du feu de Dieu.

une impression photographique, la persistance rétinienne. Appuyez donc votre menton, rapprochez-vous, regarder le,point vert, ne cillez plus. Un parfait rond violet clair, presque rose, persiste ensuite dans la pénombre du cabinet aux murs verts. FOND DE L’ŒIL.

imprécise, l’impression perdure.

On s’attarde ainsi plus sur les fonds, en peinture, une fois la précision des premiers plans avalés. La précision marque le gibier, le flou aide le lièvre à se fondre dans les luzernes.

une impression peut se relier a une autre, faire une chaîne, un collier, mais pas un os dans le nez.

une impression peut emboîter le pas d’une autre impression, mais parvenu devant le tourniquet du métro chacune doit enfiler son propre ticket pour parvenir à quai.

La chair de poule n’est pas une impression, elle est seulement la manifestation de ce qui se produit dans une salle de fitness intérieure, lorsque les cellules trop gavées pédalent à en perdre haleine

On ne devrait pas dire : j’ai une ou des impressions bizarres , mais plutôt : Je suis traversé en ce moment par quelque chose qui ne s’adresse pas directement à moi. Cela produirait un dédoublement désopilant du je, qui pourrait enfin lacer ses chaussures sans se briser le dos, ou martyriser un siege.

Se fier à une impression, de préférence la première , est en contradiction avec ne pas se fier aux apparences, vous l’aurez sûrement remarqué.

les peintres impressionnistes au bout d’une assez longue et pénible dévotion, ne m’impressionnèrent plus, et c’est justement à ce moment précis que je pus les apprécier.

Paul Cézanne peignit tant de fois la Sainte-Victoire parce qu’il cherchait la nature de l’impression qu’elle lui procurait. Qu’elle procurait surtout aux cellules de ses jambes, de son dos pour pouvoir marcher et trimballer son matériel, à chaque fois, chaque jour, vers cette source de ravitaillement infinie.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener