l’abomination qui se cache sous le lit

Plusieurs images, appelons cela des images plus que des pensées, m’auront prodigué est-ce le bon mot, peut-être devais je plutôt dire infligé- et ce pas moins de dix fois- car j’ai pu prendre enfin la précaution de les compter - l’envie de sauter du lit, cette nuit, pour aller m’installer à ma table de travail, et les noter sur Ulysses ( désormais en mode nuit même le jour ) Cependant, même au fond des rêves les plus dingues, l’insistance me semble toujours louche et je m’en éloigne quand je parviens à prendre conscience que toute insistance rencontrée et ce systématiquement, j’ai pu l’observer , me rend encore plus bigleux que d’ordinaire. Toute insistance me rend bigleux aussi bien quand je dors que lorsque je ne dors pas ; par un phénomène de capillarité, c’est à dire que la chose comme une eau sombre venue de on ne sait quelle béance du sol remonte jusqu’au pied exactement comme pour un vieux mur dont aurait oublié de protéger la base avec une bonne couche de galets. Cette envie qui se cache sous toute insistance, l’ayant désormais prise à mon compte et l’insistance qui l’accompagne, me font loucher. Et ensuite il me faut des jours et des jours pour retrouver une vue normale (disons normale) Mais cette nuit, je suis plutôt assez fier de moi, j’ai résisté assez vaillamment à chaque assaut. Je suis resté couché. Peut-être un peu trop vaillamment. Et, bien possible que ce que je nomme une vaillance ne soit qu’une des multiples conséquences d’une chose tellement simple, tellement banale, l’installation d’un nouveau lit, un lit neuf et de tout le couchage neuf lui aussi qui l’accompagne. Et comme souvent une fois que l’imagination retombe comme un soufflet, on découvre un lézard au lieu attendu d’un dragon. Et bien sûr on est soudain penaud. mais cette honte n’est-elle pas assez semblable à l’insistance qu’on aura suivie et qui presque toujours nous mène à elle ? ne dissimule t’elle pas une envie similaire à la première ? Une belle image de cercle à l’intérieur duquel on tourne en rond. Et qu’elle est cette envie dans ce cas sinon qu’un événement spécial surgisse et qui n’aurait pour fonction que de nous rendre spécial. C’est tellement ridicule que ce ne peut être que cela. Mais mettons que je n’ai rien dit, que je n’ai pas découvert le pot aux roses, et surtout que je ne sois pas aussi désespéré et donc orgueilleux de vouloir toujours trouver des raisons à tout ; cette affaire de lit est plutôt inspirante. Car si je récapitule, combien de fois ai-je dormi dans un lit neuf au cours de ma vie. Peut-être une fois, et cela remonte à si loin que je l’ai presque complètement oublié. Sinon tous les autres lits dans lesquels j’ai dormi, furent ceux des chambres d’hôtel, des maîtresses qui m’auront accueilli dans les leurs, des banquettes de train en partance pour des ailleurs improbables, et des couches précaires dans une ou deux prisons dans lesquelles on m’enferma. Aussi, je me demande si les rêves que nous parvenons à faire dans ces circonstances sont vraiment les nôtres ou bien si nous héritons de ceux inscrits dans toute literie conjointement à ses anciens occupants successifs. Et, encore ceci expliquant cela, cette abomination dont l’enfant a peur, celle qui dit-on se cache sous le lit, ne provient- elle que du lit lui-même plutôt de quoi que ce soit d’autre qu’on imagine se trouver en dessous.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener