l’angoisse de la fin
peinture, Pierre Soulages
l’angoisse de notre fin rebondit sur toutes les parois du monde. Quelque chose d’électronique, d’indéfinissable, que l’on ne cherche plus tant à définir qu’à s’en protéger. L’angoisse créer le désordre comme la sérénité crée l’ordre. Les deux sont inséparables de l’aventure humaine. La fin de de la paix, la fin de la prospérité, la fin de la littérature, la fin de la peinture, la fin de la poésie, la fin d’un monde, et surtout l’appréhension de ce qui peut surgir ensuite, qui modifiera l’ordre apparent des choses, celui auquel nous nous sommes tant accrochés. Sans doute beaucoup trop parce que l’on confond encore le mouvement, la vitesse et la précipitation. Le désir avec la satisfaction du désir. L’immobile nous inquiète. L’immobile ne semble pas appartenir au vivant, il nous apparait étranger et donc suspect. C’est ainsi que nous ne parlons plus avec l’immobile, que la pierre est devenue muette puisque nous y sommes devenus sourds. La fin des temps, le temps que nous avons créé est cette angoisse projetée à partir d’une autre larvée mais obsessionnelle. Nous n’avons jamais suffisamment de temps, nous éprouvons cette peur perpétuelle de le perdre, nous cherchons coute que coute à en gagner toujours un peu plus. L’angoisse de la fin se confond aussi avec l’angoisse du temps, de ce temps dont nous sentons bien qu’il n’est qu’artificiel. Combien de temps faut-il pour s’extraire de toute idée de temps, de toute idée de continuité, de toute idée de continuité ou de cohérence. Toute une vie probablement. Mais seulement s’approcher de ce gouffre d’angoisse, le regarder à la fois en soi comme en dehors de soi procure autre chose qu’une angoisse. Est-il idiot d’y voir un espoir alors que nous nous targuions d’avoir perdu toute naïveté ? Car en dehors de cette angoisse perpétuelle, qui sommes nous ? Qui serions nous ? C’est comme le noir de la nuit que l’on traverse, l’œil s’accommode et aperçoit des lueurs provenant de l’obscurité, comme sur une toile du peintre Soulages. Qu’il se soit nommé Soulage n’est probablement pas un hasard. Ce soulagement semble si réel, peut-être rien n’existe-il au fond de toute angoisse que ce soulagement, celui de l’avoir traversé, d’avoir observé la peur tomber, et de découvrir qu’elle est désir nu, désir des origines, et qui remonte au delà du feu, au delà du soleil, qu’il les aura créés.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}