L’arrivée à Sonora
illustration Georgio De Chirico
(ébauche d’un second texte pour l’exercice l’arrivée de l’atelier d’écriture)
Il n’y a pas d’indication pour parvenir à Sonora, et son homonymie avec des villes existantes laisse le voyageur dans une indécision qui peut durer longtemps, parfois même des années. Aucune carte n’en fait mention, aucune image satellite ne permet de l’explorer assit derrière un écran. Les Google cars seraient dit-on- déroutées presque tout de suite vers d’autres villes du même nom sitôt qu’elles auraient comme mission de la photographier. Le voyageur qui voudrait se rendre à Sonora ne peut compter sur les méthodes habituelles, les atlas géographiques, voire les récits d’autres voyageurs qui l’auraient visitée, car nulle preuve indiscutable ne subsiste pour s’appuyer sur le fait que cette ville ait un jour réellement existé, qu’elle existe toujours. Cependant qu’elle demeure à l’instar des légendes, comme un récit que s’échangent les voyageurs quand vient la nuit et qu’ils cherchent à se réunir dans l’espoir de trouver un peu de chaleur humaine. Encore que ces récits sont peu fiables ; et l’art de mentir, d’inventer des villes, de vouloir se distinguer les uns par rapport aux autres, incurable tare de nombreux voyageurs, s’il ne nuit pas à la réputation légendaire de Sonora ne saurait en aucun cas en rendre compte fidèlement. Aussi je ne peux fournir que ma propre version de ma visite à Sonora, qui ne sera pas plus fiable que toutes les autres. C’est simplement la mienne telle que je crois l’avoir vécue et voilà tout. En tant que voyageur rompu au voyages je me suis souvent rendu compte que la ligne droite n’était jamais le meilleur moyen de se rendre d’un point à un autre, qu’il valait bien mieux oublier celle-ci et faire confiance aux oiseaux, aux vents, aux mille signes que l’environnement produit sur soi pour trouver son chemin, souvent semblable à une spirale, celle du jeu de l’oie par exemple. L’errance et la sensation de tourner en rond, bien qu’assez désagréables pour la plupart des voyageurs débutants, souvent bien trop pressés de parvenir à leurs destinations, finissent par devenir des alliés de confiance. Aussi, c’est après avoir voyagé ainsi, à pied, à cheval, en prenant de nombreux autobus, des trains, et mêmes parfois des aéroplanes que le hasard de la route me déposa à l’orée de cette ville à la tombée de la nuit. Bien qu’il fasse presque noir complètement lorsque je j’arrivais, je sentis que je parvenais enfin au terme d’une longue traversée (essentiellement constituée d’immenses étendues désertiques) Une fragrance provenant de la végétation qui entoure la ville m’indiqua sa présence presque immédiatement. Bien que je ne puisse rien voir de celle-ci, j’en éprouvai déjà jusqu’au fond du cœur une joie étrange, comme lorsqu’on retrouve un vieil ami au détour d’une rue. Chose étonnante, car de mémoire je n’avais jamais mis un pied dans Sonora. L’odeur qui me monta au nez remua des souvenirs enfouis si profondément que je me mis à repenser à ces contes à dormir debout dans lesquels il est question de vies antérieures et de souvenirs qui s’obstinent à vouloir transiter d’une vie l’autre dans le périple de l’âme et toutes ses réincarnations. Cependant que je réfléchissais je marchais d’un pas assuré vers le point où je sentais battre le pouls de la ville. Ce fut d’ailleurs à cet instant précis où j’affermissais mon pas, que j’aperçus les premières silhouettes des habitants qui, chose encore plus étonnante semblaient venir à ma rencontre.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}