L’ère des simulacres
2022 mon vieux Platon, nous y voilà, et rien de ce que tu disais n’a changé. Nous sommes toujours dans une caverne à gribouiller sur les murs des vérités qui nous arrangent pour expliquer le monde, les événements, et ainsi nous conforter, nous réconforter, autant qu’il est possible de le faire avec des bribes que l’on nous jette, depuis la table des banquets comme des restes à des chiens.
Les grands de ce monde ne se salissent toujours pas les mains. Ils planchent sans relâche sur la nouvelle façon de conserver leur pitoyable avantage, leur belle image, leurs intérêts. Leur priorité absolue reste la même : Faire fructifier le profit sur la pourriture des cadavres et des morts-vivants, arroser tout ça avec la sueur et les larmes, telle est leur sempiternelle rengaine. D’où découlent l’école, l’usine, le bureau, le bureau de placement, l’EHPAD, le crématorium, et toutes les petites urnes dont on disperse le contenu à tous vents.
Nous voici donc 2000 ans et des broutilles plus tard parvenu à l’ère des simulacres. Le film Matrix est encore une sorte de conte de fée à côté de la plaque.
Tout ce qui nous reste c’est un fantôme de rêve, un fantôme de liberté, un mince espoir aussi tenu que les dernières racines de la dernière dent que je viens de perdre en mordant dans mon pain dur.
Il faut 21 jours pour que le souvenir d’un membre perdu, amputé s’estompe, que la cervelle enfin soit au parfum, au diapason de l’absence. 21 jours à voir passer de la viande rouge comme Tantale l’eau et ensuite passer joyeusement et sans regret à la purée.
Dans 21 jours nous en serons où ? encore vacillants à nous demander ce qui a bien pu se passer ? Vacillants et hésitants, à faire appel à des experts encore ?
Le cadre ne tient plus la route, aucun cadre ne peut supporter autant d’ineptie.
Sans doute que je vais proposer un nouveau service, je ne vais plus monter mes toiles sur châssis, je vais proposer de leurs envoyer roulées, par tubes à mes collectionneurs, en leur faisant grâce des frais de port, l’argent ainsi gagné pourra servir à les monter sur des châssis sur place. Et ma foi ils encadreront ou pas si ça leur chante.

Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}