La bonne distance pour ne pas se rater

un petit livre qui fut le livre de chevet de Cartier- Bresson et longtemps aussi le mien.

Combien de personnes essaient d’en finir à chaque instant, et combien se loupent parce qu’elles n’ont pas suffisamment réfléchi à la balistique comme à la distance nécessaire pour ne pas se rater. Pas rare que le noeud de la corde soit trop lâche, que la chaise sur laquelle on grimpe pour se pendre soit trop lourde, que l’on ai pas pris soin de calculer non plus plus une fois suspendu en l’air la bonne hauteur, qu’il,y ait trop de mou , que l’on ne retombe pas comme une merde au sol. Pareil pour les armes de poing, si on est surpris par le recul et que la balle au lieu de pénétrer en plein front nous arrache seulement une oreille. Ou encore pourquoi ne pas prendre cette précaution minimum d’aller consulter avant de se tirer une balle dans le cœur . Il arrive même parfois , plus souvent qu’on le croit de s’abîmer un poumon pour rien ; simplement parce qu’on porte à droite et non à gauche ce foutu muscle cardiaque. La bonne distance n’est sûrement qu’un coup de chance si on ne s’entraîne pas à la chercher. C’est tout à fait pareil pour le bon moment. Se détruire nécessite autant de connaissances en musique qu’en peinture. Le recul suffisant du peintre et l’oreille sans faille du musicien seuls sont des aides précieuses ; tout le reste n’est que pur amateurisme. Il faut aussi une ville pour bien s’entraîner, des rues à arpenter, avec de chaque côté un nombre suffisant de vitrines qui s’échangent notre reflet, prendre le temps d’observer à quel point ce reflet ne cesse jamais d’être mensonger. Nécessaires aussi des passants dans cette ville. Des regards que l’on croisera et dont les yeux ternes sans vie ne nous renverront rien, à part notre propre néant. Il faudrait prendre un plan, et tracer au jour le jour avec à chaque fois une couleur différente, les parcours, toute cette prétendue errance que l’on effectue soi disant au hasard dans cette ville. Devenir à la fois chercheur et rat blanc de laboratoire. Ensuite que faire de tout cela sinon se flinguer le plus proprement possible, en évitant d’emmerder qui que ce soit, c’est du domaine de l’art. Donc on peut utiliser tout une série d’objets dont la principale caractéristique est d’être létale, l’écriture est aussi l’un de ces objets sans aucun doute. La seule difficulté est le temps que l’on voudra bien lui accorder jour après jour pour s’exercer à ne plus trembler, à ne plus ruminer, à se rendre à l’essentiel, c’est à dire s’ôter de là, devenir à jamais indisponible à quiconque. Faut s’exercer c’est tout, tenir la distance jusqu’à ce qu’elle soit bonne, irrévocable.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener