le dieu pognon

Avec le temps, l’odeur de certaines villes, hélas celles qui s’offrent le plus facilement le long de la route du voyageur, avec le temps leur odeur est décelable à des kilomètres en amont d’y parvenir. Un mélange d’effluves épouvantables composée par les dépôts des ordures, le parfum bon marché, et les miasmes d’excréments qui sourdent des égouts, mal entretenus la plupart du temps dans ces cités abominables. C’est aux abords de l’une ces villes que je devais être parvenu. De celles où l’on honore le dieu Pognon, représenté par un angelot bouffi tenant une corne d’abondance. Une chose étonnante que j’ai pu observer afin de me divertir des répétitions c’est que la plupart de ses adorateurs sont composés de femmes. Elles le révèrent avec une telle ferveur que les hommes qui les accompagnent de plus ou moins bon grès en sont souvent gênés. J’ai connu des hommes rougissant des propos ou comportement de leurs épouses dans le monde entier, mais le rubicond de leur teint était rarement obtenu aussi sûrement que dans les villes adorant le dieu Pognon. Vestales le jour, prostitués la nuit, les adoratrices de Pognon sont difficiles à cerner pour un homme ordinaire. Et d’ailleurs ne font-elles pas tout, justement, pour demeurer incernables en s’efforçant de renvoyer tout homme autant qu’elles le peuvent à l’ordinaire.. c’est à dire à une définition très précise qu’elles ont fabriqué de l’ordinaire ; c’est à dire plus précisément qu’un homme doit rapporter comme un chien rapporte une balle qu’on lui jette, et en remuant la queue de joie , de plaisir si possible. Ce soir là j’avais voyagé dans une pestilence depuis tant de jours que lorsque j’aperçus enfin les remparts de cette ville je sus que je n’y pénétrerai pas. J’étendis ma couverture bien en aval de la ville abominable, dans un lieu où ne me parvint plus que l’odeur encore brûlante du sable et des pierres et je m’enfonçais dans mes rêves familiers ceux notamment où les femmes entretiennent par leurs chants et leurs regards de velours une ville innocente, et qui, pour cette simple raison, est extraordinaire.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}