Les âmes coincées

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Je les vois depuis toujours. Elles surgissent à l’improviste dans mon champs de vision. Cela peut se produire à n’importe quel moment de la journée. Ce sont des silhouettes. On les voit mais on n’en tient pas compte. Ce sont à l’instar des figurants d’un film des éléments du décor qui servent à renforcer sa véracité.

J’ai mis un moment à comprendre de quoi il s’agissait. Ce sont les âmes coincées dans ce monde qui n’arrivent pas à trouver la sortie. Beaucoup parmi elles ne savent même pas qu’elles sont des âmes égarées. Elles ne savent même pas qu’elles ont quitté leur corps. Que celui-ci pourrit sous la terre, est devenu ossements, depuis des années, parfois mêmes des siècles, des millénaires.

J’ai cependant toujours porté une attention à ces silhouettes quelles qu’elles soient. Oh pas une attention aigue bien sur. Il ne me venait pas à l’idée de les aborder, de tenter de connaitre leur histoire dans le menu.

En revanche il m’est arrivé par simple politesse d’échanger quelques propos sur le temps qu’il fait, sur le prix des marchandises dans les rayons d’un supermarché, ou encore de répondre à une question simple qu’ils se posaient tout haut sur leur orientation dans la ville.

Je ne suis jamais étonné lorsqu’on m’aborde ainsi dans la rue pour me demander un renseignement. C’est bien ce qui m’étonne.

Depuis que je sais que ces âmes égarées existent et qu’elles ne cessent de vouloir entrer en interaction avec les vivants, plusieurs fois me sont venues des sueurs froides.

Je me suis évidemment demandé si je n’étais pas une des âmes égarées également.

Je n’en parle jamais avec les gens qui m’entourent. Je veux dire je n’ai pas trouver de moyens fiable de vérifier l’authenticité de mes propos.

Ce n’est pas par peur que l’on se moque de moi, que l’on me prenne pour un hurluberlu, ou un fou. Non, c’est que je n’y pense pas tout simplement. Je m’y suis tellement habitué à ces âmes perdues que j’imagine que tout le monde peut les voir aussi nettement que moi je les vois.

Ce qui n’est après tout pas si certain que ça.

Le pire serait d’imaginer que tous les gens qui m’entourent et moi-même sommes tous des âmes égarées.

Ce serait des conversations de sourd en quelque sorte. Et on ne se rendrait même pas compte de notre égarement mutuel.

On continuerait de penser que nous sommes tous vivants alors que nous sommes morts depuis des milliers d’années.

Ce qui me rappelle l’expérience du chat de Schrödinger. Peut-être sommes nous dans la même expectative, celle de savoir enfin, avec certitude, si nous sommes vraiment vivants ou vraiment morts.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener