Les gens qui disent

Les gens qui disent devraient l’écrire ce qu’ils disent, il verraient alors que ce qu’ils disent ne tient pas souvent debout. Encore que je n’ai rien contre les choses assises ou couchées, mais je les préfères écrites sur le blanc d’un traitement de texte comme autrefois sur le blanc du papier. Les gens qui disent me disent des choses qui entrent par une oreille et ressortent aussitôt par l’autre c’est comme cela depuis toujours je crois, depuis qu’on a commencé à vouloir me dire tout un tas de choses. Ce qui se passe entre les deux oreilles est une énigme évidemment car parfois les choses ressortent une seconde fois mais en bouillie, à force d’avoir été ruminées, mâchées, remâchées à la fois par ma cervelle, ma mémoire, mes actions, les circonstances, le temps qu’il fait et le gout du vin ou de l’eau. Ce qui ressort est une bouillie qui nourrit ce qui s’écrit ensuite sur le blanc du papier ou plutôt le traitement de texte car je n’écris plus sur du papier ( ce qui est dommage, j’écrivais plus lentement, je choisissais mes mots, j’essayais de tout bien faire comme il faut )

Les gens qui disent tu devrais t’arrêter tu vois bien que ça ne marche pas, ce sont les mêmes qui te disent aussi tu ne vas jamais y arriver. Ils disent ça surtout parce que ça les emmerderaient profondément que quelqu’un arrive à faire un truc qu’eux, les gens qui disent n’arrivent pas à faire. Ils ont souvent essayé mais ça n’a pas marché, alors les gens qui disent disent c’est la vie, c’est comme ça, pas de pièce à y remettre.

Mais moi les gens qui disent je les laisse dire ce qu’ils veulent, j’ai compris cette histoire depuis belle lurette. Je les écoute par politesse, je ne suis pas vache complètement, suis même assez tolérant jusqu’à un certain point où je considère que ce serait de la connerie d’aller plus loin, de perdre tout ce temps à écouter ces gens qui disent en gros toujours la même chose qu’ils disent depuis belle lurette.

Belle lurette est le point d’origine d’où partent tous les mots, ceux des gens qui disent ceux des gens qui écrivent. Mais c’est plus facile de fermer un fenêtre un livre que de fermer le clapet des gens qui disent.

Ensuite attention certain ont pigé qu’il y a des modes. Certains qui ont l’habitude de dire peuvent la boucler tout simplement par mode. Pour faire croire qu’ils auraient encore beaucoup de choses intelligentes à dire alors que pas du tout c’est juste un effet de mode.

Personnellement je ne suis pas les modes, je me fiche des modes, je n’ai pas la capacité de suivre la moindre mode, ni financièrement, ni docilement, ni prétentieusement.

Je suis résolu contre toute mode sauf celle accolée au bœuf quand on ne veut pas dire daube ou mironton ou bourguignon,

Maintenant je ne m’énerve pas non plus contre les gens qui disent, je crois qu’il faut prendre aussi ça comme un phénomène météorologique. Des fois y a des gens qui disent d’autres fois y a des gens qui ne veulent pas montrer qu’ils disent en se taisant, d’autres fois encore y a des gens qui sont vraiment silencieux et ce n’est pas toujours parce qu’ils n’ auraient rien à dire mais ils ne trouvent aucune raison valable de le laisser s’échapper à l’air libre.

Les gens qui disent m’auront en tous cas appris le discernement avec le temps et je ne peux que les remercier, parce que c’est vachement bien le discernement. Comme quoi à la fin tout sert même les épluchures quand on traverse des temps de chien.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener