Les limites de la transe.
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34 textes plus tard le mot transe surgit suivi de près par l’hystérie. L’écriture est un moyen que j’ai trouvé pour pénétrer dans la transe et comme je pense n’être perpétuellement qu’un ignorant, je ne sais pas maitriser ce phénomène, je me trompe presque tout le temps de direction, c’est ainsi que je parviens tout au plus à une forme d’hystérie.
En réfléchissant, en tentant de m’extirper de ma naïveté de façade, cela ne fait pas un pli : il doit s’agir de la même transe, la même hystérie concernant la peinture.
J’ai tout de même cette faculté de pénétrer dans la transe. C’est un fait indéniable , mais l’intention d’y pénétrer, d’utiliser la transe doit être revisitée.
Car il faut se poser encore et toujours à chaque pas, la question de l’intention véritable qui me pousse à cette double répétition.
Qui suis-je réellement ? Suis-je un chaman ? Un écrivain ? Un peintre ? Ou tout simplement un pauvre type qui se sera inventé des personnages à seule fin de se consoler de son impuissance chronique ?
La lucidité qui s’empare de moi à l’instant où je me pose la question, ce pressentiment terrible qui monte presque aussitôt pour tout envahir de mes croyances, tout ça n’est pas une sinécure, c’est l’un des plus sales moments de ma vie.
Faire la part des choses n’est pas vraiment mon fort, j’ai l’habitude d’être entier et "jusqu’au boutiste". Lorsque je commence à avoir un doute, je n’ai pas de cesse avant de l’avoir exploré de fond en comble.
Puis il me vint cette idée que ce doute, cette prétendue lucidité n’est probablement rien d’autre qu’un programme installé dans ma cervelle depuis toujours. Peut-être qu’au moment même où je découvre ainsi, par la transe, de nouveaux possibles, une issue, ce programme se met-il aussitôt en route afin de me dissuader de penser que je puisse ainsi m’évader.
Dans quelle direction alors orienter la confiance en soi ? Vers les ténèbres les plus noires ou vers la lumière et la clarté... ? Le choix parait d’autant plus difficile qu’il semble à première vue évident.
N’importe qui choisirait la lumière évidemment. Et ainsi le monde des bisounours se recréerait presque aussitôt jusqu’à ce que la sensation de fausseté refasse son apparition, et le malaise qui ne cesse de l’accompagner.
Il me faut donc apprendre à étudier plus attentivement les intentions qui me poussent à pénétrer dans la transe.
Tout comme décider aussi des limites à ne pas franchir pour ne pas s’égarer dans l’hystérie. C’est à dire dans une méthode Coué à la con.
Rester vigilant sans rien fixer. Voir l’ensemble et ne pas se laisser l’attention être capturée par un détail. Avancer ainsi comme un indien dans la forêt. Dans l’instant et accepter sans broncher l’assaut de toutes les mémoires gisant dans la cohorte des espace -temps. Les laisser surgir puis se dissoudre aussitôt sur la carapace d’attention que je ne cesse de créer ainsi dans cette vigilance au mouvement général.
Persévérer dans l’erreur est diabolique dit-on. Accepter la séparation n’est pas une chose facile. Cette séparation qui s’opère naturellement avec une illusion sitôt qu’elle est découverte en tant que telle.
Persévérance et ténacité. D’accord mais jusqu’à certaines limites. Et quelles pourraient être alors les limites ? Au delà de l’hystérie et de son déjà vu, se trouve un espace calme que je ne cesse d’appréhender mais dont je me méfie encore beaucoup.
Cet espace j’ai du mal à le qualifier. Et comme d’habitude je fais confiance au premier mot qui me vient à l’esprit lorsque j’y pense. C’est la compassion.
L’hystérie s’empare aussitôt du mot pour s’en nourrir, je la regarde, elle est avide, désespérée par la faim inextinguible. J’éprouve de la compassion pour cette hystérie. Je peux la comprendre désormais, sans toutefois que ma propre avidité ne lui fasse écho et que nous nous élancions l’un vers l’autre vers une fusion illusoire.
Je continue mon chemin dans la foret, je regarde l’ensemble, tout ce qui vit et bouge dans le visible comme dans l’invisible.
Mon cœur bat plus fort, et plus calmement en même temps, il me semble que l’énergie provient à la fois de moi comme de l’extérieur, elle s’engouffre en moi par mille canaux qui se créent dans l’immédiateté de chaque pas.
C’est à cet instant que la vigilance doit être la plus aiguisée. Une hystérie peut toujours en cacher des milliers d’autres.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}