Les malentendus

https://youtu.be/nC5ulD6XBoc

Ce n’est pas parce qu’on a des oreilles que l’on entend bien. Parfois il vaut mieux être sourd. Cela oblige l’attention à s’appuyer sur d’autres sens pour s’approcher du pot aux roses. Mais lui, Georges il fait partie de ces personnes qui ont tout vu, tout entendu et qui se permettent.

Qui se permettent d’avoir leur petite opinion sur tout surtout.

Ainsi fonctionne ce monde, car Georges n’est rien d’autre que la caricature de qui je suis. Il en est la version outrancière, démesurée, totalement désagréable à regarder et à entendre.

Je le revois beaucoup ces derniers temps. Pas en vrai parce qu’il est décédé depuis un bail, mais dans les rares rêves dont je me souviens au matin.

Ou bien il surgit de façon totalement inopinée, lorsque je vais faire le marché, lorsque je prends ma douche, que je me cure le nez ou les oreilles.

J’entends son pas lourd d’homme obèse qui veut absolument en imposer. Je hume l’air et je sais que cette odeur de tabac, c’est lui, il surgit comme ça au hasard des moments. Par contre il ne dit rien, il se contente d’arriver de je ne sais où à ma hauteur. Puis il s’arrête et me toise sans même esquisser ce fameux petit sourire que je déteste tellement chez lui. Georges assurément est un fantôme qui me hante.

Voilà bien comment sont les choses je me dis alors. On pense en avoir terminé avec certaines relations plus ou moins toxiques. Et au bout du compte non, ce n’est pas totalement fini. Est-ce que cette résurgence provient de soi ou de l’outre-tombe ? Epineuse question en apparence car il suffit d’avoir un brin de jugeotte pour comprendre que la réponse est fournie avec la question.

Sauf qu’on ne veut pas l’entendre. On refuse de l’entendre. Parce qu’on s’est enfui un jour, parce qu’on n’avait pas les moyens de s’opposer à la fuite. Parce que c’est comme ça. Il y a beaucoup de malentendus qui naissent ainsi et on ne sait jamais si c’est par pure paresse, par lâcheté par amitié ou par amour.

Je l’appelle Georges, mais je pense plutôt à Joyce. Au bout de tout ça ils se confondent et forment ce personnage hermaphrodite, ce petit Baphomet ridicule qui trône au fronton du temple des mystères non résolus. Non résolus la plupart du temps parce qu’on ne veut tout bonnement pas les résoudre vraiment. C’est à dire les réduire en poudre. Une poudre si fine qu’elle pourrait devenir un pigment fin à mélanger à l’huile, en formant de jolis huit avec la molette en verre de la perspicacité ou du bon sens.

Ce que nous reprochons toujours aux gens n’est-ce pas de nous être trop semblables plutôt que différents comme on se plait à le penser. Pas suffisamment semblables cependant pour que nous nous admirions vraiment. Presque semblables plutôt, ce qui les rend tout à coup monstrueux. Ce qui soudain nous projette dans un extérieur inconnu.

Les malentendus sont tellement étranges lorsqu’on se penche vraiment dessus. Parfois je me dis que l’amour en use et en abuse à tire larigot pour nous apprendre qui il est, pour nous parler du pays comme disait Georges et Joyce, comme ils le répètent encore dans ma tête à n’importe quel moment impromptu de mes journées.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener