Les voyages

Et bien les voyages non plus. Ils ne me font plus grand chose. Que ce soit ici ou là, aucune différence. Même le dépaysement, illusion, vue de l’esprit. On voyage et on se raconte, soit-disant, de nouvelles histoires, mais ce sont toujours les mêmes, maquillées de ciel bleu et d’embruns. Seuls vecteurs, les mots, le nom des lieux, la langue ou l’alphabet, d’un désir d’exotisme qui courre encore comme un canard sans tête, tombe et rebondit à plat, justement. Peut-être le voit-on mieux retomber qu’on n’avait pas envoyé bien haut. Et qu’on en souffre bien moins qu’on en espérait peu, voire rien. Individuellement, c’est ainsi. Mais quelle honte, si je pointe cet état d’esprit avec le regard du collectif. Tu n’es jamais content de rien, tu n’es qu’un emmerdeur, tu devrais te réjouir. Il suffit d’être deux pour que le collectif se forme et prenne ce genre de petit ton. Ce n’est pas tout noir, ni tout blanc. Ici , il fait moins chaud, il y a du vent, et de l’ouzo. Depuis le départ de Lyon impossible d’avaler une bouchée de viande. Si les comptes sont justes, c’est la quatrième salade grecque, accompagnée d’un peu de tzatziki. Pas faim. Pas envie non plus de consommer pour compenser, ou pour remplir quoique ce soit. L’affrontement nécessite autre chose que de simples expédients. Tu nous emmerdes, reprend le collectif en chœur. Profite, jouis, oublie. Et tais-toi, par pitié, ne dis plus rien.

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener