Et bien les voyages non plus. Ils ne me font plus grand chose. Que ce soit ici ou là, aucune différence. Même le dépaysement, illusion, vue de l’esprit. On voyage et on se raconte, soit-disant, de nouvelles histoires, mais ce sont toujours les mêmes, maquillées de ciel bleu et d’embruns. Seuls vecteurs, les mots, le nom des lieux, la langue ou l’alphabet, d’un désir d’exotisme qui courre encore comme un canard sans tête, tombe et rebondit à plat, justement. Peut-être le voit-on mieux retomber qu’on n’avait pas envoyé bien haut. Et qu’on en souffre bien moins qu’on en espérait peu, voire rien. Individuellement, c’est ainsi. Mais quelle honte, si je pointe cet état d’esprit avec le regard du collectif. Tu n’es jamais content de rien, tu n’es qu’un emmerdeur, tu devrais te réjouir. Il suffit d’être deux pour que le collectif se forme et prenne ce genre de petit ton. Ce n’est pas tout noir, ni tout blanc. Ici , il fait moins chaud, il y a du vent, et de l’ouzo. Depuis le départ de Lyon impossible d’avaler une bouchée de viande. Si les comptes sont justes, c’est la quatrième salade grecque, accompagnée d’un peu de tzatziki. Pas faim. Pas envie non plus de consommer pour compenser, ou pour remplir quoique ce soit. L’affrontement nécessite autre chose que de simples expédients. Tu nous emmerdes, reprend le collectif en chœur. Profite, jouis, oublie. Et tais-toi, par pitié, ne dis plus rien.