Lire des chroniques
Une fois passée la sensation de malaise, de voyeurisme, lire des chroniques comme on pratique un exercice. Trouver le fil conducteur s’il y en a un… peut-être en imaginer un. Observer les mots comment ils surgissent, comme ils se lient aux autres pour constituer une phrase. Pourquoi une séparation soudaine entre deux paragraphes, se demander en tâche de fond qui est le narrateur, tout en prenant en compte que l’auteur est forcément une, un inconnu. Se demander si la familiarité soudaine vient du texte, ou de la façon de lire un texte en général. Une familiarité suspecte dans ce dernier cas, dans tous les cas. Une chronique fait justement trembler ce lien que l’on pose sur les choses sans souvent même se rendre compte. Il s’agit d’une membrane extrêmement fine entre l’autre et soi, c’est parfois si semblable que cela peut en devenir monstrueux.Monstrueux car on ne parvient pas à établir vraiment l’épaisseur de cette membrane.
On pourrait aligner ainsi un ensemble de chroniques les unes à côté des autres disons sur un thème, une ville par exemple, la même ville, une chronique par page bien séparées les unes des autres pour qu’elles possèdent chacune leur espace propre. Cela existe déjà bien sûr, ce ne serait pas un récit habituel. Ce serait un récit que l’on se raconterait tout bas en feuilletant toutes ces pages presque semblables mais pas tout à fait vraiment… on pénétrerait alors dans une dimension spéciale, celle de l’inframince ou infra-mince
Bien sûr ce n’est pas nouveau on connaît cela depuis Marcel Duchamp- on c’est qui -surtout vu tous les romans qui continuent de s’écrire de façon traditionnelle. Et ceux qui utilisent cet infra mince sont ils populaires ou sont ils seulement connus d’une élite. Le terme élite m’exaspère régulièrement et je le demande si ce n’est pas parce que j’éprouve un peu d’amertume ou de jalousie de n’appartenir à aucune sauf la mienne dans laquelle je reste fier et droit à la barre sur la coquille de noix qui prend de plus en plus l’eau. Encore une fois la pression de l’extérieur… on s’est qui bordel à queue
Post-scriptum
hautPour continuer
import
Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
import
technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
import
La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}