Ma recette du cœur d’artichaud
François Rabelais Guetty images
Grande conversation avec mon bon ami François au sujet des artichauds. Quelle bagou il a encore ! Ce qui me conduit à parler de mon cœur d’artichaud bien sur.
— Tous les moutons passent par dessus bord mon bon ami me dit François
et on les suit du regard encore aujourd’hui. Mais qui reste dans le bateau ? tout le monde s’en fout ou à peu près.
On rit.
— Aller raconte moi comment ça t’est venu. Comment tu as eu cette magnifique idée de créer ton petit cœur d’artichaud me demande François.
— Probablement avec la fatigue d’avoir chaque soir à compter les moutons. Je réponds.
Rires.
Mais il faut cependant que je dise quelques mots là-dessus. Car évidemment François n’est pas seulement François, tout comme moi je suis autre chose que moi.
Voici donc ma recette pour créer un joli petit cœur d’artichaud.
En premier comme il se doit la liste des ingrédients.
- Prenez quelques tonnes de solitude, peu importe combien.
- Prenez de bonnes raclées presque chaque jour et si possible plusieurs fois dans une seule journée.
- Dites je t’aime à tout bout de champs et écoutez attentivement le silence épais qui s’en suit.
- N’évitez pas la claque ou la gifle ou le coup de pied au cul qui ne manquera pas d’arriver après le point 3.
- Recommencer l’opération jusqu’aux abords de l’évanouissement.
- Reprenez conscience comme vous le pouvez.
- Avisez un arbre ou un trou et isolez vous.
- Réfléchissez mais pas trop ni trop longtemps
- Regardez le ciel et trouver un ou deux nuages, que vous transformerez en animaux.
- Ouvrez l’œil et le bon et si vous ne savez pas lequel est le bon, faites de nombreux essais.
- désespérez vous de ne voir que ce que tout le monde ne voit pas
- Attention c’est là qu’il faut être attentif votre cœur suinte, récupérez vite un petit pot de sève ou de sang
- Soufflez dessus un soir de pleine lune
- Voici enfin une graine qu’il vous faudra faire grandir en l’arrosant matin midi et soir.
- Faites ça suffisamment longtemps pour oublier votre vrai cœur.
- Elancez vous dans la vie en déposant sous chaque pied votre coeur d’artichaud
- faites-en un joli paillasson.
- Puis observez encore et encore.
Et maintenant on cuisine !
Une fois que vous avez accumulé suffisamment de saleté de souillures votre cœur d’artichaud est fin prêt à être dégusté
Faites le bouillir pendant 45 minutes
Epluchez le consciencieusement, une feuille après l’autre
Retirer les poils un par un
Prenez donc un peu de vinaigrette et savourez son amertume.
Essuyez vous la bouche après.
Comme boisson pour l’accompagner je conseille un petit vino verde un vin jeune du Portugal, en provenance du Nord du pays de préférence.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}