Naviguer
Maisons construites avec des pierres plates typique de l’île.
Des sirènes du livre à venir de Blanchot au navigar e precisu de Pessoa, il est bien question d’une seule et même chose, et qui inclut l’émotion éprouvée hier, lors de ma visite au musée d’art moderne de Chora. cf l’article « retour au fragment ». Ce serait un poncif de dire que se tient ici, au cœur de cette conjonction d’éléments en apparence épars, un noyau, que je ne me suis jamais résolu à planter. Il semble que ce noyau soit le germe à partir duquel tout l’art et de tout temps, rêve de l’œuvre en tant qu’arbre. Il faudrait relire, en le feuilletant tout le déploiement du rêve de Bachelard à propos de chaque élément. Si écrire est une navigation, lire est celle qui la précède. Et, à un moment les deux font route commune, s’éloignent, se séparent, puis se rejoignent à nouveau. Lire et écrire, écrire et lire, et non l’un ou l’autre.
La notion de navigation ne va pas sans celle de solitude ni d’allié. Allié jusqu’à celui-ci, si singulier, qu’évoque le vieux sorcier Yaki, Don Juan dans certaines parties obscures de l’œuvre de Castaneda. Allié d’un autre monde, d’une autre dimension tout simplement que celle dans laquelle nous fige, nous immobilise, nous sédentarise, le confort des certitudes, l’habitude plus ou moins sereine des répétitions, des rituels.
Écrire en voyage, métaphore dans la métaphore, jeu de poupées russes. Hier durant le voyage qui nous conduit de Batsi à Chora, le regard se perd dans le paysage d’une aridité presque hostile avant de parvenir à la mer. Ce qui provoque une sensation tout à coup chaleureuse, surtout au moment même où l’on a écarté de soi toute velléité d’empathie, de compassion suspecte, ce sont toutes les constructions humaines qui ponctuent, vulnérables et fragiles, cette aridité. Une ponctuation de petits murets, d’assemblages hétéroclites de pierres plates ici et là. Des silences de pierre que la main de l’homme aura ainsi posés à flanc de montagne. Anonyme est le mot qui vient et qui en même temps qu’il vient ouvre le coeur à l’infini. Des inconnus, des anonymes sont passés par là, ont eux aussi emprunté cette route sinueuse, ont voyagé au travers ces vallées peu voire difficilement praticables.
Puis la verdure, plus abondante presque parvenu au but du voyage nous fait vite oublier ces silences déposés sur les terrains arides. On s’enquiert à nouveau de l’heure, on éprouve à nouveau de l’appétit, de la curiosité, et on organise un emploi du temps.
Post-scriptum
hautPour continuer
import
Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
import
technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
import
La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}