Noblesse

Série "Ciels" travail d’élève

Noblesse oblige. Tout vient de là. Les bourgeois veulent être nobles, les ouvriers bourgeois, et au final c’est un bordel sans nom.

Je me souviens encore et encore de cette pancarte accrochée à l’un des murs de ce capharnaüm. l’entrepôt d’un copain de mon grand-père, dans le 15ème.

" une chose à sa place, une place pour chaque chose"

Je peine à me souvenir de l’ordre exact des mots de ce slogan.

Mais il y avait une vérité que mon regard d’enfant y voyait déjà, quelque chose comme une évidence sans arrêt contredite, comme par ironie. C’était dans les années 70, De Gaulle était tombé de son piédestal depuis pas mal de temps. La guerre ne devenait plus qu’un vague souvenir ou une histoire qu’on se raconte pour meubler le silence entre les générations.

Le travail, sa valeur n’était plus la même entre les générations déjà. Ce que mon grand-père paternel nommait le travail recelait une noblesse dans son imagination que mon père tentait de s’accaparer et de me transmettre. Mais la terre n’avait plus suffisamment de nutriments. Ce que l’on y semait désormais poussait de façon biscornue. Le mot travail revenait à son point de départ qui n’était plus autre chose dans mon esprit d’enfant qu’une torture.

L’éducation nationale tentait tant bien que mal de m’inculquer des valeurs qui n’avaient plus cours. Plutôt mal à mon avis, c’est comme ça en tous cas que je l’ai pris. C’est à dire que de bonne heure je me doutais de toute cette supercherie du désir.

Le désir de mon grand-père de trouver la noblesse dans son travail faute de mieux. Celui de mon père de vouloir dépasser le père. Et ainsi de suite. Comme s’il y avait toujours ce tiers, seigneur ou bourgeois à qui le simple ouvrier ne peut s’empêcher de vouloir ressembler.

A 16 ans ce devint tellement insupportable de constater ce ravage permanent du désir que je m’engageais en politique, je voulais être communiste pour inverser la vapeur. Et pourquoi donc sinon pour la même chose exactement, la noblesse de l’être humain. La noblesse de l’ouvrier.

On ne se rend pas compte que l’on reproduit. Surtout si on se veut absolument original comme c’est le cas lorsqu’on est jeune.

Que reste t’il ensuite, une fois que l’on a compris le schéma du désir ? toujours le même à peu de chose près.

Je croyais que le bouddhisme me guérirait après avoir épuisé la politique. J’ai cru à un tas de choses qui me furent présentées comme des produits en tête de gondole. Chaque nouvelle piste était déjà balisée depuis belle lurette par des gens sans foi ni loi, et n’ayant que le pouvoir comme désir.

J’ai cru que l’art m’aiderait, il m’aide encore malgré tout ce que j’ai laissé dans cette histoire.

Ce dépouillement, cette obsession du dépouillement comme un fil rouge que je parviens à détecter je me demande s’il n’est pas aussi dans une certaine mesure le même désir de noblesse qui crée les révolutions bourgeoises. Et si au bout du compte ce dépouillement n’est pas tout simplement une tentative perpétuelle de s’extirper de toutes nos illusions mal digérées.

Vouloir se dépouiller pour trouver quoi ? de la propreté ? une âme ? Dieu ?

Ne serait-ce pas cette noblesse que nous savons avoir perdue un jour quelque part dans le temps et que nous avons concédée par fatigue, par oubli à des associations de malfaiteurs, des imposteurs ?

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener