notes sur l’égarement.

L’idée d’un roman ne peut être précise, tout comme l’idée d’une peinture, je pense à cela après avoir écrit ces deux textes ce matin. C’est une réflexion qui remonte à loin je crois, dès la petite enfance. Il suffit de remplacer le mot roman par journée, par avenir, par amour. Ce refus de précision comme le dégoût pour tout plan préalable. C’était sans doute puéril, ce l’est toujours, mais au delà de ce jugement hâtif pour tenter de rejoindre une norme, je sens qu’il y a autre chose que de la puérilité. que cette puérilité n’est qu’un mot facile pour n’indiquer qu’une surface. Une bille d’argile dont on ne voit jamais que sa rotondité et quelques imperfections parce qu’on l’aura utilisée tant de fois qu’elle s’abîme avec le temps. A l’intérieur de cette bille il y a quelque chose de très précieux, c’est précieux en raison de la matière même dont elle est constituée, cet argile, cette matière que l’on trouve partout et dont on fabrique des pots des vases des réceptacles en tout genre. Mais je ne vois pas un vase, je vois une bille. C’est à dire quelque chose que le temps, les intempéries auront poussée à prendre la forme d’une sphère pour se survivre, pour résister à sa propre idée de disparition. Ou pour la retarder le plus longtemps possible. Une matière chose, un corps, s’est mis en boule et n’offre plus aux regards que courbes et texture lisse. Avec peu de traces de défauts mais un minimum tout de même, suffisant pour passer inaperçu. Et je dis puérilité avec toutes les bouches, les voix du monde. Alors qu’il s’agit au contraire d’une sagesse fondamentale de la matière. Une bille d’argile ne peut-elle pas être un amour, une journée, une vie, un roman... La puérilité vue ainsi certainement aussi. L’égarement d’un mot vers un autre est-il un hasard. Et si je laisse tomber tout but toute idée préconçue de roman, d’histoire, que vais-je encore découvrir... Tout ce qui serait écarté comme cette bille qui s’écarte de plus en plus, qui continue de rouler au sol en filant droit son chemin, jusqu’à toute bifurcation qu’elle rencontrera.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}