Notule 41

Et bien même si j’ai beaucoup d’affection, de tendresse, tout ce que l’on voudra, en ce qui concerne la chatte , je crois qu’elle n’est pas plus avancée que je ne le suis sur le plan pratique.
Après quelques échanges avec le voisin l’autre jour, il a bien voulu placer une poubelle sous l’auvent de son toit afin qu’elle puisse sauter sur celle-ci et rejoindre la maison comme le ferait n’importe quel félin normalement constitué.
Mais c’est en vain. Elle tourne en rond dans la cour voisine en miaulant au secours aidez-moi, ou quelque chose que je traduis comme "viens me chercher" évidemment.
Ce que je fais en pleine nuit , avec cette fois un escabeau.
Je me retrouve à nouveau debout sur le compteur EDF dans la rue à vouloir basculer l’escabeau par dessus le mur du voisin. Mais l’engin est plus lourd que l’échelle que j’avais utilisée ( voir les épisodes précédents )
Donc je bascule le fichu escabeau qui pèse un âne mort, et je m’aperçois qu’il est trop court, que les pieds de l’autre coté ne touchent pas le sol.
La chatte est assise au milieu de la cour du voisin et me regarde faire en miaulant faiblement comme pour dire, c’est quoi ce bidule, tu comptes vraiment que je monte là dessus ?
j’essaie de l’appeler toujours avec au bout du bras l’engin en espérant qu’une lueur lui vienne pour sauter sur la première marche et me rejoindre. Mais non.
On se regarde dépités tous les deux.
Je ramène l’escabeau coté rue, je pousse un juron de plus. Car tout de même zut, elle pourrait faire un effort.
Le voisin a bien placé la poubelle sous son versant du toit. Il ne suffirait que d’un bond pour qu’elle grimpe dessus et de là revienne vers la maison. Mais non, rien à faire.
Penaud, désespéré, je reviens à la maison mon escabeau au bout du bras. Il ne faut pas faire de bruit car dans la chambre au rez de chaussée dort la petite fille. Ce serait la totale.
Je me resserre un café, allume une nouvelle cigarette. Puis je me dis que ça n’arrive qu’à moi ce genre de péripétie et que ce n’est surement pas par hasard. Qu’il y a quelque chose à comprendre, surtout lorsque cela se représente plusieurs fois.
Soit je me complique trop la vie, soit pas assez. Mais ce qui est sur de plus en plus c’est que pas plus la chatte que moi n’avons inventé le fil à couper le beurre, ni l’eau chaude.
On est aussi nigaud l’un que l’autre.
Ou peut-être que ça nous plait de nous sentir prisonniers, enfermés dans ce genre de situation à la noix.
Peut-être que c’est juste une caricature de prison qui nous permet de nous habituer à d’autres petit à petit, à mieux nous familiariser avec cette idée...
Enfin, je suis allé chercher le paquet de croquettes que j’ai froissé pour qu’elle reconnaisse le bruit par delà les murs et les toits.
L’appel du ventre...
Encore faut-il être suffisamment affamé pour y prêter la moindre attention.
Voilà peut-être la raison ultime, une faim véritable qui nous fera, à elle comme à moi, retrouver le chemin du bercail, en finir avec la stupidité, ce prétexte.
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}