Notule 71

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Etude de labyrinthe, Stage de peinture

« Je ne me dis pas artiste, je ne me dis pas poète, mais je me sens artiste, je me sens poète parfois. Je me sens paysan. Je me sens traceur de piste, guide. Je me sens dompteur. Je me sens prêtre. Je me sens voyageur. Et je me sens surtout le spectateur d’une pièce ou tous les hommes et tout ce qui existe sur la terre, jouent un rôle. Je me sens soldat qui doit lutter pour la paix. Je me sens tout. »

Lettre de Gaston Chaissac à Raymond Queneau, mars 1946.

Cette différence entre dire et sentir échappera à beaucoup. C’est la raison pour laquelle parfois le silence vaut mieux. Surtout en ce moment où règne une telle confusion. N’a t’elle pas toujours régné ?

Peut-être que la clarté n’est qu’une prise de conscience personnelle, individuelle. Une sorte d’illumination dont le partage, malgré l’espoir qu’on y place-un espoir de quoi d’ailleurs ?- est le dernier lien qu’on entretient avec le groupe. Peut-être que cet espoir nous l’inventons de toutes pièces pour ne pas être "résolument seul " pour toujours".

Ce qui est encore une illusion bien sûr.

D’autres sont déjà passés et d’autres passeront encore dans les mêmes sillons.

Vouloir être compris comme reconnu ou aimé est encore un enfantillage. Toujours cette emboitement de poupées russes pour tomber à la fin sur notre petitesse, notre immense vulnérabilité, celle là même qu’on ne veut jamais voir.

Elle est immense et c’est de cette immensité du fragile pourtant que la vraie force seule peut venir.

Cette béance là ne peut être un mensonge tout à fait, on le sent bien. La révolte peut-elle mentir ?

Et tous les mensonges qui lui servaient jadis de garde-fou, de remparts, de frontières paraissent vains sans que pour autant on ne puisse s’en défaire tout à fait.

Vivre dans une béance traversée par la lumière et l’ombre que l’on s’invente encore, comme le clignement d’œil, comme on descend en rappel une falaise sécurisé par la corde et le mousqueton.

Il y a trente ou quarante ans ces mots retrouvés sur lesquels je retombe encore.

"L’avenir sera l’anonymat"

Toujours d’accord avec ça. C’est pourquoi il faut écrire tous les matins aussi, pour épuiser quelque chose, illusion, espoir, orgueil, énergie de la Kundalini mal placée, va savoir.

Et tout autour des personnes prennent grand soin de frapper sur des tambours pour que Zeus ne s’en mêle pas. Pour couvrir les pleurs les cris les vagissements.

Une naissance qui n’en finit pas.

Et vient encore cette drôle d’idée, une éclaircie : celle de naître à l’impersonnel.

Comme une ruse probablement pour berner encore et toujours le foutu cyclope.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener