Permanence du spectacle

On sort du théâtre, de la salle de cinéma, le spectacle est-il terminé pour autant. Toutes les pensées, les opinions, les jugements, souvent binaires, j’aime ou je n’aime pas, forment comme une continuité et crée un léger tremblé du monde. On ne voit pas le lien forcément. Ou on ne veut pas le voir. Mais le spectacle ainsi identifié clairement, par l’affiche le lieu, le prix du billet, n’est qu’un point non isolé d’une ligne dont on aurait peine à retrouver l’origine. C’est cette permanence du spectacle qu’on y ressent et qui nous met face à une forme d’impuissance de pouvoir en sortir.

Cette conscience d’être pris dans le spectacle permanent du monde cherche une issue mais n’est pas armée pour créer des portes, elles sont déjà grandes ouvertes, des issues de secours déjà prévues par l’univers du spectacle.

Reste la lueur d’un café dans la nuit, les reflets de la pluie sur les trottoirs, le bizarre et la sensation de malaise que tout cela produit.

Reste l’alcool, la poésie, la littérature, la peinture, la bouffe et le sexe, autant de véhicules afin d’atteindre à l’ivresse. Rien de plus éphémère. Rien de plus décevant si on creuse l’espoir qui apporte de telles déceptions. C’est que ces ivresses là ne sont pas soutenues par une rage exacte. D’abord être certain de cette rage, qu’elle devienne pour soi indubitable. Étrangement, une fois identifiée, elle ne nécessite plus d’ivresse. Mais une attention de chaque instant.

C’est l’attention à chaque pas, chaque moment, chaque objet, chaque être, une attention en soi-même , qui est le plus susceptible de désamorcer le continuum. De le faire dérayer doucement sans bruit. À cet instant l’attention devient le point qui permet de dévier, de dissoudre, toute ligne. Ne reste plus ensuite qu’à affronter l’exil.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener