Préparation exposition 111 des arts

Ça y est je me suis enfin décidé à agir. J’ai envoyé le dossier pour le 111 des arts de Lille.

Je devais le faire l’année passée mais je me suis pris les pieds dans les dates. J’avais pourtant travaillé sur le sujet, une vingtaine de petits carrés de format 20x20cm réalisés à l’huile et au couteau.

Ce format carré que j’aime beaucoup utiliser, je n’y avais pas vraiment réfléchi en profondeur. Pourquoi le carré qui est sensé représenter une forme parfaite absolue dans son symbolisme ?

Pour la briser d’une certaine façon.

Et aussi pour tenter de trouver une issue si je peux dire à cette notion d’un absolu qui serait imposée. Trouver un espace de liberté au sein même de ce que je considère comme une sorte de fatalité, quelque chose qui tente de fuir l’implacable.

D’ailleurs je pourrais aussi trouver des connexions avec le but de cette exposition qui est d’apporter un soutien aux enfants malades du cancer. Un écho tout à fait semblable à cette idée d’implacabilité de la maladie. Comment vivre avec celle-ci, sans rester figé, anéanti par son issue trop souvent fatale ?

J’agis plus que je ne pense à certains moments lorsque je suis dans l’atelier. Il faut que je me place face à l’espace du support pour ne pas penser et peindre. Sinon je ne fais que penser et bien que je sache que cet état soit inutile, qu’il ne produira rien, je persiste à l’entretenir car c’est lorsque j’arrive à une saturation de la pensée que surgit le ras le bol et que je peux retourner devant mon chevalet.

C’est un équilibre que j’ai appris à mettre en place douloureusement au début, car la douleur offre le réconfort du connu. Puis avec le temps, la répétition du processus on finit par comprendre à quel point les deux états penser/peindre sont en relation étroite.

Je ne peux pas pour autant contrôler le processus. Quelque chose m’en défend. Car sinon cela deviendrait une routine vide. J’ai essayé, évidemment, pour atténuer la douleur surtout en devenir maître…mais du coup la spontanéité de la peinture en pâtit immédiatement et une seconde douleur comme le fantôme de celle que j’essaie d’ignorer interfère avec la qualité des mélanges, la droiture du geste.

Il faut donc accepter. C’est toujours la même chose. Sauf que chez moi l’acceptation prend un temps interminable. J’ai toujours besoin de comprendre les tenants et aboutissants d’une chose pour l’accepter totalement.

C’est sûrement la même chose avec le deuil. Ma chatte n’est toujours pas revenue. J’ai fait le tour du quartier, sonné à toutes les portes, je me suis débattu avec l’angoisse dans ce pâté de maisons en conservant un espoir qui ne me sert qu’à agir, à taper aux portes, à crier son nom avec en tache de fond cette notion de fatalité, d’inéluctable qui me sert de cadre.

En attendant, en l’espérant je me réfugie dans mon atelier, dans le travail, dans ces petits carrés que je peins sans penser à rien au couteau.

Voici une petite galerie constituée dans l’ordre de réalisation des travaux d’hier et de ce matin

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

technique mixte 70x70 cm

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener