Quelque chose d’animal

Une fois l’humanité partie, ce rêve, cette nostalgie qui s’accroche encore et encore comme un caniche aux pans d’une veste, que reste t’il, à part une brute épaisse, un animal au sens ou c’est encore une nostalgie qui lorgne sur ce mot. Car lorsque j’observe la chatte, je la trouve mille fois plus digne que bien des êtres humains. Dans la joie comme dans la douleur cette dignité ne se déforme pas, reste d’une stabilité admirable. Même dans sa férocité que je surprends parfois lorsqu’elle bondit sur un oiseau, elle ne cherche pas à être autre chose que ce que la nature lui dicte. Tout tombe d’aplomb, aussi bien quand elle se meut sur la table de l’atelier, que lorsqu’elle dort sur sa chaise préférée, une simple chaise en paille. Je me souviens parfois de l’animal précédent, Nono , qui m’accompagna partout durant vingt deux ans, et parfois les individualités se confondent, les particularités s’évanouissent, c’est une chatte, ce sont des chattes, c’est La chatte, un animal aussi proche de ce qui il y a tout au fond de moi et que jamais je ne peux atteindre, qui se dérobe sans cesse, sauf à de très rares moments.

D’ailleurs peut-être que c’est ce que je cherche quand je peins, quand j’essaie d’écrire, tout en le fuyant sitôt que je m’en approche. Une sorte de bouffée christique, ou plutôt venue du fin fond des âges, associée à l’histoire de ce roi terrifiant, Gilgamesh, qui à la fin des fins revient de la mort pour rejoindre chez les vivants son ami. Comparable aussi à Ulysse le rusé de retour à Ithaque pour subir Pénélope et s’astreindre à la nostalgie des voyages passés comme de ceux à venir.

Etre humain est une forme de sacrifice qu’effectue cette part animale, pour honorer je ne sais quoi, impossible à nommer. Je dis quelque chose d’animal mais c’est peut-être la part la plus humaine de moi au final.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener