Qui aime bien châtie bien.

Des insurgés polonais à l’écoute de leur radio.

Il y a deux manières de châtier l’autre. Soit par une volonté de lui enseigner quelque chose, soit pour le punir. De nombreux malentendus proviennent de l’ambiguïté de l’intention, comme d’habitude.

—Oui oui ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément dit le bon Boileau aussitôt.

Je ne m’en fais plus. J’observe tout ça sans m’étonner le moins du monde. Et en même temps que je sirote un café je m’interroge sur le début de ce 14 ème élément. Ce devrait être un nouveau départ une fois le 13 passé.

Un recommencement.

Pourquoi est-ce qu’aussitôt que je démarre la moindre chose je me retrouve confronté à la notion de châtiment ? Immédiatement suivie par cette interrogation concernant l’intention de l’entité que j’imagine tenir le fouet.

Les lézards tiennent le fouet. Mais quelle est vraiment leur intention ?

Ne sont-ils pas eux-mêmes les jouets d’une intention supérieure ? Il faut que j’en ai le cœur net.

C’est la raison principale que je me donne pour pénétrer en douce chez eux suite à la proposition de Maria.

Nous étions installés au Mabillon de retour de notre promenade au jardin. Elle avait reposé son verre de limonade et après avoir tripoté quelques secondes sa paille, Maria avait soudain planté son beau regard dans le mien et m’avait dit :

—Tu as exactement le profil, et tu le sais.

Comme d’habitude je n’avais montré aucune émotion, j’étais resté parfaitement stoïque. Je commençais à apprendre à me situer dans l’instant et de ne plus être étonné par rien. Enfin je crâne un peu, j’avoue, mieux vaudrais plutôt dire que je m’efforçais de faire de cette attitude une habitude.

D’ailleurs Maria éclate aussitôt de rire.

— Tu as encore rechuté tu te prends pour Basho ?

— Plutôt Tchouang Tseu, mais tu as bien raison, j’ai rechuté dis-je cette fois en souriant.

—Justement cet art de te fondre dans tous ces personnages nous intéresse au plus haut point. Les lézards sont dans une agitation terrible, mais on ne sait pas pourquoi, il faut que tu ailles glaner quelques informations. D’après nos derniers renseignements qui datent de plusieurs mois ils tentent d’installer un nouvel ordre mondial et tous les subterfuges y vont bon train pour faire avaler cette nouvelle pilule aux terriens.

— tu ne vas pas me dire que tu crois à cette histoire de nouvel ordre mondial Maria ? et je la considérais en méta position pour tenter de voir si elle se moquait de moi.

Elle fit un geste pour me ramener à ma place.

—Je ne plaisante pas du tout il se passe réellement quelque chose de très grave me souffle t’elle. Les américains et les russes se sont mis d’accord je ne sais comment pour faire naitre un conflit planétaire.

Je suivais les événements comme tout le monde évidemment mais je n’avais pas imaginé jusqu’à ce que Maria m’évoque cette possibilité, qu’il puissent être à l’origine d’un gigantesque coup monté pour installer ce vieux fantasme d’ordre mondial.

— tu n’es pas en train de prêter à ces gens une intelligence qu’ils n’ont pas ? tentais-je d’opposer.

— Justement c’est parce qu’ils sont fragiles que les lézards les manipulent à leur guise. Et puis on dit les américains, les russes, mais il ne s’agit que des peuples qui sont pris dans la tourmente. Il faut porter une attention à leurs chefs, à ceux qui les entourent de près, et surtout aux intentions véritables d’un tel désordre.

— L’intention ici bas est toujours plus ou moins la même, l’argent, le profit, le pouvoir, rien de nouveau sous le soleil.

— Non cette fois il y a autre chose de plus, une nouvelle tentative comme durant la seconde guerre mondiale. C’est une préparation des cervelles à quelque chose de plus funeste encore que tout ce que nous avons jamais connu.

Je regarde Maria. Elle s’est assombrie et les cernes que je ne vois jamais sous ses beaux yeux apparaissent désormais. Elle est fatiguée, éreintée. Soudain elle m’apparait comme une très vieille femme au bout du rouleau.

— Tu essaies de m’influencer en te faisant passer pour une vieille ? je dis , tu veux que je m’apitoies ? N’as tu donc pas suffisamment confiance en moi pour utiliser encore des stratagèmes ?

Elle rit et je la retrouve belle comme au premier jour.

— Hum bravo tu fais des progrès chaque jour, dit elle d’une voix calme, tu es vraiment tout à fait prêt pour la mission que nous voulons te confier. Nous allons t’envoyer dans la gueule du serpent. Demain tu pars en Pologne avec Pablo, Léo, Salvador et Hildegarde. Une fois arrivés à Varsovie on vous donnera plus ample information.

Varsovie ? la ville Phenix ? Varsovie la ville du pécheur et de la sirène ? Pourquoi vais-je me demander pourquoi Varsovie ? Que demander de mieux pour un nouveau commencement, pour un recommencement. Bereshit de Bereshit !

—Oui tu es le pécheur et tu dois te rendre là bas le plus vite possible pour écouter le chant de la sirène sans faillir me dit Maria d’une voix adoucie. Tu aimes tellement ça les sirènes depuis le temps ajoute t’elle et nous voilà à pouffer comme des gamins en train de fomenter un mauvais coup.

Qui aime bien châtie bien me dit-elle en se levant soudain. Et je reste là à la regarder s’éloigner, assis à la terrasse du Mabillon bourrée à craquer de chalands qui jouissent du soleil de Mars.

Et de nouveau je me souviens cette fois comme si j’étais victime d’une malédiction. En juillet 2019, c’est le futur, une commémoration qui célèbre l’insurrection de la ville pratiquement à la même heure qu’il est à ma montre au moment où Maria me quitte :17h.

Le silence soudain qui s’abat sur la ville. Plus aucun klaxon, tout le monde est comme figé. C’est à cet instant que toutes les sirènes de la ville résonnent et que des milliers de passants s’animent à nouveau, des milliers de polonais qui entonnent des chants de gloire et qui applaudissent. En ce mois de juillet je suis là parmi la foule et j’applaudis moi aussi j’ai les larmes aux yeux j’embrasse les gens autour de moi. Il faut se souvenir comment 77 ans plus tôt nous nous en étions sortis alors que tout absolument tout signait notre ruine.

Entre les nazis et l’armée rouge il n’y avait guère d’issue. Et pourtant grâce à Vilnius, à Varsovie nous y sommes arrivés. Nous nous sommes battus pour notre indépendance. même si au bout du compte nous avons perdu.

Aout 44, 20 000 SS armés jusqu’aux dents contre 50 000 insurgés... le but d’Hitler était de réduire totalement la ville en cendres ce qu’il a pratiquement réussi à faire.

Mais nous avons été pécher la force et le courage au fond de notre cœur, de notre âme guidé par le chant totalement incohérent de la sirène que nous nommions la liberté, l’indépendance, la justice.

Ce n’est pas le résultat qui compte toujours le plus. Découvrir que nous avons un cœur, une âme vaut mille fois plus que n’importe quelle défaite ou victoire.

Posséder enfin la certitude d’avoir une âme. Tant de malheurs à traverser pour enfin être sur de cela.

Quelle est la source ? quel type d’amour peut déclencher de tels châtiments pour saisir cela ?

A la fin nous n’étions plus rien c’est en janvier 1945 que les rouges sont entrés dans Varsovie presque totalement dévastée.

Une nouvelle domination commence pour nous tous les survivants à partir de cette date. Vers quel amour encore faut-il se hâter ?

Tout recommence à nouveau. Un éternel recommencement.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener