Tangente du crabe

https://youtu.be/1FwEXTdTt4I

La remise en question est essentielle chez les artistes. Il ne faut pas en abuser pour autant, mais honte à ceux qui ne cillent jamais, qui ne sont pas empoignés par le doute, qui ne se remettent jamais en question.

Je pense à un crabe. Je pense à ce crustacé qui pratique la tangente comme vecteur de déplacement. Et j’admire. J’admire d’autant que je suis en ce moment en train de réviser mes classiques, la divine proportion et la section dorée. Une telle austérité s’est abattue cet hiver qu’il faut bien trouver sa pitance quelque part coute que coute, et s’il le faut, s’en inventer de nouvelles à partir du souvenir.

Toujours le souvenir ne cesse d’osciller dans chacun de nos instants avant de prendre lui aussi la tangente, de s’élancer vers l’inconnu, le sans nom, la soi-disant nouveauté.

Faire du neuf avec de l’ancien est une constante. Comment faire autrement ? Certains se font capturer par la tendance qui n’est que fragilité, déjeuner de soleil.

Tenir compte de la tendance certes, mais ne pas l’adorer comme un benêt.

Il est possible que le nombre d’or ne soit qu’une simple vue de l’esprit qui perdure, dont on se gargarise cycle après cycle quand tout se barre en couille.

Je veux dire comme ce fantasme d’ordre qui revient lui aussi lorsqu’on ne comprend plus du tout les vertus du fouillis. Lorsqu’on s’égare si loin parfois que l’urgence des balises et des repères nous ramènent par de mystérieux souffles à la rêverie du concret.

Par chance je suis mauvais en géométrie. Du moins j’ai toujours préservé l’effort d’y plonger tête en avant.

Ma géométrie est personnelle, intime.

Je pourrais faire l’éloge du crabe, en peindre quelques un, réinventer la symbolique, rejoindre les visionnaires défunts, les Klee, les Kandinsky qui parlent de la rigidité des verticales et des horizontales comme autant de lignes ennemies.

Je pourrais faire mille choses qui soudain surgissent dans mon esprit.

Mais je ne le fais pas.

J’applique toujours en priorité sur moi-même les lois que je décèle.

Je ne le fais pas, je me mets dans la peau, la carapace du crabe, je prends la tangente et je cavale ventre à terre, dans une ivresse mêlée d’effroi et de désir.

Je répudie la tendance en usant jusqu’à la corde l’ivresse des tangentes, je me tiens à la pyramide, pas celle des Egyptiens non, celle des éternels besoins.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

technique mixte 70x70 cm

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener