Terminus Château Rouge ( notes de chantier d’écriture #40jours proposé par François Bon)

Terminus Château Rouge

Beaucoup de monde à contre jour s’engouffre et file sur l’escalator, sensation de voir des fourmis, ça fourmille. On grimpe à contre flux, péniblement car certains trop pressés dévalent par la aussi en empruntant l’escalier, et on débouche enfin à l’air libre boulevard Barbes, à l’angle de la rue Poulet. Exotique au niveau des couleurs, des odeurs, les fourmis reprennent forme humaine. Beaucoup d’africains, certains bras ballants, d’autres avec des ballots, des femmes poussant de leur voix claires chantantes des marmots. Peu de blancs, à par quand on regarde à l’intérieur de la pharmacie, pas mal de vieux qui ressortent avec des pochons de médicaments, la plupart traversent à petits pas pour s’enfiler dans la rue Custine. Continuer rue Poulet, entrer dans le Lidl, acheter un poulet PaC, vite ressortir ensuite et rejoindre la rue des poissonniers, tourner à gauche, passer le magasin d’épices en lorgnant l’étalage, hésiter, puis saisir quelques tomates et poivrons, une tête d’ail un oignon, pas besoin de sac merci ça va aller suis à côté. L’entrée de l’hôtel jeter un coup d’œil au travers la porte de la loge, la concierge est absente, une aubaine. Gravir quatre à quatre les 4 étages sans voir personne, sans connaître personne. Arriver devant la porte, chambre 30 c’est écrit sur la plaque, chercher les clefs, ou donc les a t’on encore fourrées ? Les voici ouf, refermer la porte soigneusement derrière soi. Placer les provisions sur la plaque du réchaud près de l’évier. Ouvrir en grand la fenêtre, respirer, allumer une cigarette, regarder la façade en face, les habitants de l’immeuble d’en face. Puis fermer les yeux écouter le cri des martinets qui strient le ciel, tout à l’heure il fera nuit, changement total de décor, les voix appelleront d’autres voix qui s’élèveront pour atteindre l’étage, la fenêtre ouverte pénétrer dans la chambre.

Un second texte faisant écho à un premier sur le même thème. On crée un protocole et on s’y tient, arbitrairement la station de métro, on sort on voit quoi ?

Lien vers Terminus Bastille https://www.tierslivre.net/ateliers/40jours08-marqueurs-terminus/

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener