Tout ça me travaille

peut-être que le coureur s’est arrêté, a fait une pause, un genou à terre, avant de rejoindre Marathon.

Je m’étais dit aller soyons raisonnable, prenons soin de l’âne, mettons la viande dans le sac. A 21 h quelques pages d’un roman populaire me font sombrer dans les bras de Morphée.

Puis dans mon rêve je me retrouve quelque part dans une maison en bordure de forêt. Une région inconnue, une maison inconnue. Et là je vois qui ? je vois ma chatte Lola qui me file entre les jambes comme elle a l’habitude de le faire depuis toute petite.

J’ai à peine le temps de lui parler que déjà je me réveille. Un coup d’œil sur la table de nuit et j’aperçois l’heure 00:05... je me dis qu’il faut que je me lève, le temps s’est rafraichi, elle est peut-être par là dans la cour a attendre. Je m’habille et je descend et évidemment il n’y a personne. Il faut que je me rentre bien ça dans la tête, cette évidence. Et c’est comme une abdication lente qui n’en finit pas de tomber en elle-même. Un puit sans fond.

Ce qui me laisse dans une tristesse, comme un coup en traitre. Je me rappelle maintenant que si les animaux ne sont pas morts on ne peut les voir en rêve.

Et la guerre que tout le monde ici regarde à la télé. La nausée. La guerre spectaculaire qui moi me donne la sensation d’être lâche. Un lâche comme tous ces français de la dernière guerre qui ont entendu la Pologne envahie en touillant leur café leur thé leur chocolat en petit déjeunant en écoutant la radio à l’époque. Lâche ou abruti je n’arrive pas trop à savoir le bon mot, tellement le mal est d’une banalité ordinaire comme le disait Hanna Arendt

J’enfile les raisons de m’être réveillé, comme des perles. je me retrouve au milieu de la cour dans le froid ahuri de ne pas voir se découper sur le toit la silhouette de Lola qui tout à l’heure descendra de l’échelle de bois et viendra ronronner contre mon bras.

Je cherche l’origine et je ne vois que de la colère, due à une sensation de trahison et d’impuissance à l’origine de tout.

C’est peut-être ainsi que tout a réellement commencé pour chacun de nous, dans l’incompréhension d’une telle colère, d’une telle impuissance sur lesquelles nous tentons de poser des mots, des couleurs, des pensées, dans l’espoir d’atténuer le vertige procuré par leur intensité, contrepoids exact me semble t’il à toutes les joies les plaisirs les espoirs qui auraient surgi comme une rose au bout de tant d’épines.

Voilà il est 1h30, écrire ces quelques mots ne résout rien vraiment mais procure juste un peu plus de clarté à cette confusion, à tout ce qui me travaille comme un vieux meuble.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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technique mixte 70x70 cm

mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener