Un peu plus d’anges.

Fusain sur bois esquisse format 20x20 cm

Il arrive parfois que notre ange gardien éprouve un léger coup de mou. Il n’est pas rare qu’à l’appui d’un constat momentané d’impuissance ou de fatigue, voire pour cause de maladie, un ange se trouve obligé de faire appel à la communauté pour obtenir de l’aide.

A ce moment il envoie un doodle aux autres anges gardiens afin de demander qui est disponible pour l’appuyer dans sa mission.

Maria hésita un instant puis considéra le terrien allongé sans connaissance près d’elle. Puis elle revisita mentalement son agenda du jour. Il y avait tant de chausses trappes à éviter pour cette journée qu’elle essaya de reconsidérer la topographie des lieux.

Peut-être était-il raisonnable de songer à étudier des raccourcis, à économiser ses forces afin de regrouper ses actions. Faire avec un miracle plusieurs coups. Bref établir un plan d’action, ce qu’elle n’aimait pas faire la plupart du temps comme du reste la majorité des anges gardiens assujettis comme tout à chacun le sait, à la spontanéité de l’instant.

Maria consulta sa montre, une modeste imitation de Rolex, il était déjà tard dans la matinée et elle savait que passée l’heure du déjeuner les événement ne tarderaient pas à s’accélérer. On était le 24 du mois de février de toutes façons il ne pouvait pas en être autrement.

Le 24 la possibilité de faire appel à un surplus d’anges n’est pas une rareté, pas plus qu’une anomalie, c’est inscrit dans n’importe quel traité de numérologie.

Sa fierté en prenait à chaque fois un petit coup. Maria aimait bien assumer seule ses responsabilités et rechignait régulièrement à demander de l’aide. Du reste cela ne faisait il pas partie de sa mission également que d’apprendre à s’assouplir de ce coté là ?

Après une courte réflexion , une rapide récapitulation de ses prérogatives et bien qu’elle fut un ange gardien du 7 ème échelon, il fallait bien se rendre à l’évidence qu’elle ne pouvait ce jour là, assumer sa tache seule.

Elle regarda encore le visage angélique de son protégé, ne put s’empêcher de se laisser attendrir, puis elle enfila son long manteau, et referma la porte de l’appartement tout doucement derrière elle.

En un clignement d’œil elle se retrouva devant le Séphirot , bar situé à l’angle d’une rue louche dans l’un des quartiers les plus mal famés de la ville. C’est là que la plupart du temps on pouvait retrouver les anges désœuvrés.

—Tu as besoin d’aide Maria ? lui demanda un ange gardien inconnu à ce jour au bataillon aussitôt qu’elle eut franchi la porte de l’estaminet.

— Un coup de main Maria lança un autre qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam

— Je suis dispo quand tu veux Maria lui jeta un petit chérubin aux genoux écorchés assis sur le zinc.

On aurait dit que la salle toute entière attendait sa venue.

— Sers moi un double expresso Ernesto commanda Maria au grand type barbu dont les avants bras disparaissaient sous une couche douteuse de tatouages bleutés.

—Et bien vous devez drôlement vous emmerder vous autres pensa t’elle tout haut en sirotant son café sans sucre.

— Oh oui dit un caniche nain doué de parole, on se fait plutôt bien chier depuis que la révolution numérique s’est abattue sur cette dimension. Tout est déjà prévu d’avance par les algorithmes et ces couillons de terriens foncent dedans tète baissé. Tiens regarde, nous aussi on a une nouvelle appli et le clebs se tortilla un instant pour extraire un smartphone dont ils manipula le clavier avec une dextérité époustouflante.

"HelpAnge" Est une communauté virtuelle ou chacun peut lister ses taches, ses problèmes ses coups de gueule, doléances et prières. Moyennant 5 euros par mois d’abonnement tu peux bénéficier d’un tas d’opportunités.

— Décidemment on n’arrête pas le progrès. murmura Maria

— ah bah non il y a même une partie rencontres genre Tinder pour anges en manque d’affection, continua le caniche en remuant la queue frénétiquement.

— Bien bien bien. Mais s’il te plait mon chou, évite de te frotter contre mes jambes si tu ne veux pas que je te botte les fesses dit Maria en allumant une Winston à bout doré.

Le Sephirot aussi avait bien changé constata Maria. La population n’était plus celle qu’elle avait connue autrefois. Il faut dire que ça devait bien faire plus de 20 ans en durée terrestre qu’elle n’y avait pas mis les pieds. Du coup elle leva les sourcils en constatant machinalement que cela faisait déjà un sacré moment qu’elle n’avait rien demandé à personne non plus, qu’elle s’occupait seule de ses petites affaires.

La raison de tout cela ? un dégout de l’avancement probablement. Lorsqu’elle avait compris que tous les anges d’un échelon se pliaient en quatre pour atteindre le suivant parfois même non sans bassesse et coups fourrés.

Parfois elle se demandait si elle avait toujours été naïve de croire à la solidarité angélique naturelle ou bien si à force d’avoir essuyé des déceptions elle était devenue à la fois plus lucide et aigrie.

Un ange désabusé. Voilà sans doute ce que Maria était devenue se disait-elle en avisant son visage dans le miroir derrière le comptoir. Puis son regard dériva vers une silhouette assise seule à une table. Elle se frotta les yeux, ce n’est pas possible se dit-elle soudain et elle fit volte face pour considérer le personnage qui aussitôt tourna la tête vers elle avec un sourire un peu triste et en lui faisant un signe discret de la main.

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

Comme

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mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener