Une béance risible.

J’adore les romans de Dostoïevski. Ce n’est pas venu tout seul. J’en ai lu pas mal lorsque j’étais jeune et mon Dieu comme j’en ressortais avec un sentiment de malaise. C’est à la quarantaine qu’ils ont commencé à me faire rire. Et à la cinquantaine, lorsque je les ai relus encore une fois, un sourire s’est dessiné à chaque ouvrage que j’ai refermé. Un sourire de soulagement.

Toute l’absurdité de la psyché humaine est dans Dostoïevski. Et le bougre sait y faire pour nous mener par le bout du nez dans les méandres de l’imbécilité.

Aussi je ne miserai pas un kopeck sur tous les articles, les débats foireux que l’on nous présente aujourd’hui sur ce que pense Monsieur Poutine. C’est à n’en pas douter un héros de roman Dostoïevskien.

Le problème c’est que ce sont de vraies personnes qui crèvent, victimes de sa vision romanesque.

Et quelque part cette froideur, cette détermination qu’il affiche je la retrouve en face sur le visage faussement bienveillant de Monsieur Biden.

Ils se valent bien.

Bien sur on peut évoquer les enjeux humains, économiques, géo politiques, mais la véritable raison de tout ce merdier on n’en parle pas.

On ne parle pas de la béance qui s’installe dans la cervelle des hommes au pouvoir, une fois que leur cynisme a tout dévasté de ce que nous nous accrochons à nommer l’humanisme, l’humanité ou je ne sais quoi.

Ces gens savent ce que sont le mensonge et la vérité. Et pour eux la vérité n’est qu’un mensonge extrait du lot, un peu mieux habillé que les autres et surtout qui sert à leurs propres intérêts.

Et nous autres quidam à nous offusquer de ceci ou de cela en résonnance avec ce genre de vérité qu’on nous assène à l’Ouest comme à l’Est.

Sans doute ne sommes nous plus que des robots finalement dans les cervelles desquels on reprogramme sans relâche de nouveaux comportements à adopter selon les bons vouloirs de ces "maitres du monde".

Même la polémique est un programme, la contestation est inhérente au système dans la gestion des risques calculée bien en amont de notre discernement.

Et tout ça pour quoi finalement ? J’hésite car j’allais dire machinalement le pognon, mais à la vérité je crois que c’est plutôt une histoire de bite ou de couille. Toujours cette sempiternelle question qui agite les bacs à sable.

Lequel a la plus grosse ?

Et du coup l’effroi comme dans les romans de Dostoïevski, la béance qui surgit de cet effroi premier, une fois l’éclat de rire consumé, avec ses ruines encore fumantes, dessine sur mon visage un sourire d’idiot.

La tristesse du roi , Henri Matisse. 1952

Post-scriptum

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Comme

Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}

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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener