Le pour et le contre dans mon crâne de piaf déplumé dansent la danse de Saint-Guy. Le bien et le mal c’est comme la poussière ; il faut les chasser tous les matins de ton esprit mon p’tit loup. Puis ouvrir en grand la fenêtre du bureau, regarder le ciel, aspirer une bouffée d’air frais à s’en faire péter les poumons. Ciel bas, il pleut, la bruit de la pluie. 187 jours à écrire des fadaises qui n’intéressent personne. Même pas toi pour dire toute la vérité. N’est-il pas grand temps de prendre ce foutu taureau par les cornes et arrêter de te branler. Ecrire en te flanquant dans un moule. Pourquoi tu ne mettrais pas à écrire des histoires d’amour par exemple ? Cent requêtes Google en moyenne au cours des trente derniers jours. Mais si tu décides d’être malin, soies le jusqu’au bout, tape histoire de sexe ou carrément histoire de cul. Voilà la pente que suis ton esprit. Glissante. Comme si après avoir voulu devenir une sorte de moine tu désirais virer coquin. Et le pour et le contre dans cette affaire est bien sûr en balance sur le fléau tout à fait vertical du pognon. Faire du pognon. Ce que tu es versatile mon pauvre vieux. Toujours la fuite en avant. Et en délaissant la proie pour l’ombre. Car dans ce cas pourquoi ne te mettrais-tu pas à peindre ce que les gens veulent voir tout simplement. Des petites fleurs et des petits oiseaux. Pourquoi es tu toujours si méprisant envers les êtres, les choses, les idées ? Tu veux être à l’écart mais la raison principale de cela est avant tout un sentiment d’impuissance chronique face à tout projet, à toute possibilité de changement. Tu ne veux absolument pas changer, rester le même, dans le même jus, la même merde. On dirait ton père quand il te parlait de ta vie telle que de son point de vue il la voyait. Et aujourd’hui tu redeviens ce gamin paumé qui ne comprend rien à rien. Qui ne veut surtout rien comprendre. Et qui soudain se réveille en disant Eureka alors qu’il veut dire pouce, stop, basta. Qui a t’il de honteux vraiment que tu n’aies déjà traversé pour t’offusquer de la honte à présent. Toute honte bue, choisis-toi donc un pseudonyme et écris des histoires de cul. C’est après tout une façon modeste et honnête de te rendre utile puisque selon les statistiques c’est exactement ce que la plupart des gens recherchent, désirent, achètent. Ton problème de pognon réglé tu pourras ensuite très probablement rêver à la résolution urgente d’un nouveau problème, et ainsi de suite. Tu vois, j’avais raison dit le vieux dans ton crâne de piaf déplumé. Logique. Les vieux doivent toujours avoir raison. Sinon ils deviendraient fous.
Mon dernier mot s’évapore dans l’air froid du matin. Tant mieux car il a une gueule de tueur — sans exagérer, il pue la mort.