Si je cesse de me poser des questions, si je renonce à saisir l’insaisissable, la main retrouve une certaine autonomie. Cette indépendance tient aussi au fait de lâcher l’illusion d’expertise. Parler d’« esprit neuf », c’est déjà supposer qu’on aurait perdu une spontanéité en chemin. Mais peut-on vraiment retrouver quelque chose de cet ordre ? Cette notion d’esprit neuf frôle vite l’idée de pureté, et c’est là qu’elle devient suspecte. Les mots fabriquent des théories dès qu’on les laisse faire. On part du postulat qu’il faudrait moins réfléchir, et au bout du compte on se retrouve avec quoi ? Avec d’autres pensées, parfois plus mauvaises encore.

Si tu veux t’éloigner de ça, tu pourrais parler plutôt de « disponibilité » ou de « relative fraîcheur du regard », quelque chose qui n’implique pas un retour impossible à un avant mythique.