La douceur n’est pas la douceur si elle cherche à attendrir, à capturer l’attention, à acquérir ou conquérir.
La douceur n’est qu’un masque que la violence emprunte souvent quand le cœur est trop faible, quand la frustration et la peur l’emportent.

Aujourd’hui, en me réveillant, j’ai senti mon cœur se débattre comme un poisson hébété qui implore en silence à rejoindre les eaux vives.
Aujourd’hui, quelque chose en moi s’est réveillé.

La colère était noire et aveugle.
La violence, brillante comme une étoile.

Alors, j’ai fermé les yeux pour ne pas subir plus avant l’éblouissement.

Je suis revenu à la source et j’ai écouté son chant modeste résonner dans l’air pur.
J’ai vu la buée disparaître sur les vitres de la fenêtre, j’ai vu au-delà la rosée s’en aller doucement.

Alors, j’ai eu envie de peindre pour marcher plus avant
vers la douceur,
me perdre en celle-ci.

Car je ne suis pas doux.

Je ne suis que la monture que la douceur emprunte.

reprise nov.2025
La douceur n’est pas douceur quand elle cherche à attendrir, à retenir le regard, à gagner quelque chose ; dans ces moments-là, elle n’est qu’un masque où la violence se cache quand le cœur est trop faible et que la frustration et la peur prennent le dessus. Ce matin, en me réveillant, j’ai senti mon cœur battre de travers, comme un poisson pris hors de l’eau qui cherche encore, sans bruit, la rivière. La colère était là, sourde et compacte, la violence aiguë comme un point de lumière trop vif, alors j’ai fermé les yeux pour ne pas me laisser happer par cet éclat. Je suis resté allongé à écouter quelque chose de plus bas, plus discret, une source presque étouffée qui continuait pourtant à couler en moi ; peu à peu, la buée sur la vitre s’est effacée, dehors la rosée quittait les tiges et le jour venait simplement. C’est là que j’ai eu envie de peindre : pour avancer un peu plus vers cette douceur-là, non pas celle qui cherche à plaire, mais celle où je pourrais me perdre, parce que je sais que je ne suis pas doux. Je ne suis que le corps que la douceur traverse quand elle consent à passer par moi.
illustration :The lady in blue dress, David Manzur