Un jour j’ai volé les ciseaux de couturière de ma mère pour découper un élastique dans une vieille chambre à air. Un jour j’ai pris un couteau et j’ai coupé une branche, parce que j’y voyais la fourche parfaite pour un lance-pierre. Un jour j’ai ramassé une pierre, froide, indifférente, posée là depuis un temps que je ne savais pas compter. Un jour j’ai vu sur la neige un oiseau noir, minuscule, nerveux. Un jour j’ai tendu l’élastique, j’ai lâché, sans pensée, avec la précision de ceux qui veulent toucher. Un jour il n’y a pas eu de bruit. Seulement une tache rouge qui s’est ouverte dans le blanc. Je me suis approché. L’oiseau ne s’est pas relevé. C’est là, d’un seul coup, que j’ai compris : j’avais tué.