novembre 2024
Carnets | novembre 2024
05 novembre 2024
ça part d'une vidéo reçue la veille, du voyage au centre de Pierre Patrolin, de souvenirs de lectures de Jules Vernes et de Lovecraft, d'une couverture de B.D signée Rodolphe et Patrice Le Sourd et bien sûr du quotidien.|couper{180}
Carnets | novembre 2024
4 novembre 2024
Avec ou sans enthousiasme — mais sans doute faut-il tester les deux avant d'en saisir toute l'inanité, ou plus modestement, le ridicule — cette nécessité d'aller jusqu'au bout de ce quelque chose que représente le fait de s'asseoir à une table, de s'écarter du monde, d'une temporalité, d'un espace dont on se sentirait poussé à ajouter le terme profane pour se fabriquer une sorte de sacré. Mais ici, sacré et profane valent autant qu'enthousiasme et dépit. Ce ne sont que de vieux mots dont on se sert sans même se souvenir des raisons de leur usage. Quelque chose est dans l'air et dans mon crâne, s'interpellant ainsi elle-même, dans un silence que je pourrais dire apaisant — pour éluder la boucle incessante qui sans cesse advient lorsque cette chose m'inspire le mot silence. Et je n'étais pas parti pour écrire ceci ou cela qu'immédiatement la confrontation surgit : la difficulté d'écrire sur ce malentendu, sur le silence. Ce qui me ramène une fois de plus au texte, à essayer de le relire, non pour me torturer avec je ne sais quelle idée de précision, de justesse ou de justice, mais plutôt pour tendre l'oreille, le corps tout entier à l'affût d'une vibration, d'une onde qui ne s'avère pas facile à capter, encore moins à saisir — bien au contraire, plus je tenterais, plus elle se retirerait, s'enfuirait. Je ne suis pas allé à Vence, non par effort de volonté mais par cette sensation palpable, et donc forcément illusoire, que je n'en avais pas besoin. En ressortant du Musée Matisse, à Nice, refusant de remonter dans le bus numéro cinq et descendant à pied le boulevard Cimier vers le cœur de la ville, je me retournai pour contempler la majesté du Régina. En découvrant que ce que j'avais pris pour des campanules s'avéra être, selon Lens — cette autorité neuve et éphémère sur mon ignorance botanique — des ipomées des Indes, un grand chaos de paix et d'ombres m'envahit, dont je ne prends conscience que maintenant, en l'écrivant. Je ne suis pas allé à Vence voir la chapelle de visu, car les dessins préparatoires, les ébauches, les esquisses, m'avaient déjà mené vers elle. Je l'avais vue sans même éprouver la nécessité d'y mettre les pieds. Une sorte de fraternité d'artiste me rappela soudainement que j'en étais peut-être, que je n'étais pas si étranger. Bref, quelque chose s'est produit sous le soleil et le bleu du ciel, comme une graine que l'oiseau transporte nonchalamment dans son bec ou son caca. Une grande et exténuante paix, c'est-à-dire une émotion faisant table rase de nombreuses émotions bancales. Et dans cette paix surgit le souvenir de la chapelle de Matisse, où chaque ligne, même maladroite, se bat pour atteindre la simplicité et la lumière, où l'ombre se fait complice et non adversaire, ajoutant cette profondeur qui rend l'œuvre plus humaine et plus divine. Et puis, cela rejoint tous les présents à la fin, le présent de ce texte avec ses maladresses, le tremblement du fusain accroché au bout de la perche, tout un chemin de croix, un calvaire, l'arbre de mort et l'arbre de vie face à face en chœur. Mais peut-être que je me fais encore des illusions ; il faut que j'écrive ce genre de phrase, de toute façon, pour conclure, sinon comment pourrais-je entrer dans la journée ?|couper{180}
Carnets | novembre 2024
3 novembre 2024
J. a gagné un séjour lors d'un jeu concours, quelques jours à passer dans un hôtel de luxe, un forfait de 1000 euros à dépenser . Il nous l'offre et S. décide que nous irons à Saint-Raphaël. Nous y voici. Ce qui ne m'enchante pas. Mais je ne dis rien, je pense juste que la situation est surréaliste. En outre, parvenus au terme de ce séjour peu envie d'en relater les détails. En me réveillant de bonne heure il fallait que j'écrive ce genre de vacherie. Pour quelle raison, difficile de le savoir vraiment, mais il semble que ce soit encore et toujours l'idée ou l'impression, le sentiment de l'écart qui prédomine. Le refus chronique de se rejouir des soi- disant bonnes fortunes. Ecrire des vacheries serait-il une motivation ? Vacherie si violente selon l'idée que je m'en ferais par avance qu'elle ne pourrait jamais se dire de vive voix. Dommage de pas savoir les dire en Grec ou en latin, dans une langue morte. Donc je les écris en douce et en français, langue de tous les jours, et je ne les relis plus après cela- mort et enterré - le fiel, comme le djinn dans son flacon. Mais se retrouver devant un paysage et ne pas trouver les mots. D'ailleurs paysage ou n'importe quoi ou qui d'autre, rester muet dans cette sorte de stupeur proche de l'idiotie. Ne pas trouver les mots, quoi dire, comment nommer. C'est à priori la pire malédiction avant d'en découvrir le potentiel inouï, l'étendue infinie des merveilles. Insupportable merveilleux, effroyable à souhait comme il se doit. C'est à cet instant que je découvre cette fonction dans Google Photos. On prend une photographie d'une chose innommable, on choisit l'option Lens, et l'on se trouve tout à coup avec des mots, la plupart du temps inconnus et dont on prendra soin de tout oublier une fois l'application refermée.|couper{180}