juin 2023

Carnets | juin 2023

06 juin 2023

Ce que les parents nous lèguent dès notre origine. Et ce temps infini de l’enfance, lorsque nous sommes enfants. Et le juste, l’injuste : ce passe-temps. Et si nous nous trompions toujours nous-mêmes, et si adroitement, pour ne pas être aveuglés par la terrible intelligence des choses que nous ne cessons jamais de côtoyer, sans jamais vraiment vouloir les voir en face ? Nous pensons — ou disons — juste, injuste, pour tenter de justifier une révolte quant à sa légitimité réelle, surtout lorsque surgit tout à coup le doute, ainsi que la mauvaise foi qui l’accompagne de temps en temps. Mais se demande-t-on, en quel honneur, les choses devraient être justes ? Se le demande-t-on vraiment ? Non, bien sûr que non. La notion du juste nous dégueule du cœur et des lèvres comme de la bave, un réflexe pavlovien. Nous disons “c’est injuste” pour un oui, pour un non. Autant de coups d’épée dans l’eau. Hier soir, repas avec les copains. Premier barbecue de l’été : chipolatas et merguez. Une grande salade de perles pour accompagner, avec — bien sûr — un excellent Côte-du-Rhône, et une délicieuse tropézienne en dessert. On en vient soudain à parler de l’URSSAF, ce qui, a priori, n’est pas bien bon pour la digestion. Un copain se plaint qu’on lui demande désormais de lister tous les lieux d’exposition où il sévit, qu’il y ait vendu ou pas. Et, évidemment, nous sommes tous d’accord pour trouver cela débile — injuste, en fait. De là, on passe bien sûr à la réforme des retraites, injuste elle aussi. On parle du corps médical ensuite, puisque deux infirmières à la retraite, assises autour de la table, se réveillent à trois heures chaque matin, obéissant à une horloge biologique façonnée par des années de nuits de garde (royalement rémunérées à huit euros de prime). On évoque le pouvoir d’achat d’une époque révolue, où, à deux, avec des salaires modestes, on pouvait encore s’en sortir — voire vivre assez bien. Injuste aussi, cette stagnation des salaires durant dix ans, dont la raison serait, dit-on, due aux 35 heures. On parle ainsi d’un tas de choses fâcheuses. Et bien sûr, des maladies, du cancer, de ce nouveau vaccin. Une conversation de vieux. Mais ça ne me dérangeait pas vraiment. Ce n’était pas la conversation, l’intérêt : c’était d’être entre copains. Je repensai soudain à ces vieux films en noir et blanc, évoquant une France plus jeune encore que nous ne l’avions connue. Bourvil, Fernandel, Raimu… Ces films tirés de Pagnol, où les disputes faisaient partie des amitiés, d’une certaine manière très française de communiquer. Le fait est que nous avons tendance à filer dans une nostalgie désormais. Une nostalgie étrange, celle du “bon vieux temps” dont je nourris quelques doutes quant au fait de l’avoir vraiment connu. Nous ne l’avons connu, la plupart d’entre nous, que par ouï-dire. Il me semble que déjà nos parents disaient la même chose, et nos grands-parents tout autant. Le fameux “c’était mieux avant”. Mais tout de même… Que l’URSSAF se préoccupe des lieux d’exposition où l’on ne vend rien… Que cet organisme nous demande des comptes d’apothicaire sur du vent… Je me demande dans quelle mesure je dois utiliser le mot répugnant ou celui d’injuste. Surtout qu’il faut désormais être totalement aveugle pour ne pas voir que tout ce qui est politique est dévoyé par la finance. Qu’il est tout à fait limpide qu’on nous a donné le droit de vote comme un os à des chiens vautrés aux pieds des tables de cet obscène banquet. Que le monde entier sue sang et eau pour qu’une poignée de privilégiés continue à péter dans la soie. Il y a bien là quelque chose de profondément révoltant. Une injustice flagrante. C’est, du moins, ce que pense l’enfant au plus profond de moi-même. Alors que l’adulte, exactement comme toutes ces personnes connues jadis dans ce fameux “bon vieux temps”, fabrique une boulette de mie de pain, la triture entre deux doigts, tout en écoutant les doléances qui jaillissent dans la nuit de juin — sans vraiment savoir comment y réagir. Car dire, encore une fois, que tout cela est injuste, nous le savons. Bien sûr que nous le savons. Cette plainte est devenue un lieu commun. Et c’est peut-être cela, le plus exaspérant : que nous nous sentions obligés, par d’invisibles forces, de nous retrouver dans ces lieux communs — alors que nous pourrions bien en inventer d’autres, si la fatigue, le désespoir, ou une colère vieille comme le monde ne nous submergeait pas. Ces notions de juste et d’injuste nous entraînent vers une dangereuse nostalgie. Elles y entraînent sans doute l’Europe tout entière. Et il suffirait de pas grand-chose pour aller vers le pire. Le retour des bruits de bottes. Des armes à feu. Des lâchetés comme des bravoures. Des vices et des vertus dictés par une idée du juste et de l’injuste insufflée par des personnages sans vergogne — et qui, même, rient de notre grande naïveté. L’illustration est un dessin réalisé pour un projet d’affiche de théâtre. La nouvelle pièce écrite par mon épouse sera jouée en novembre prochain. Un thème sur la violence conjugale. La violence, un triste lieu commun aussi…|couper{180}

Carnets | juin 2023

 Ma nuit arctique 

Il y a plusieurs façons d’accéder à la culture, comme il y en a de se rendre à Rome. Par héritage, par éducation, par envie, par désir, par nécessité. Le choix de la route importe-t-il vraiment au début ? Je n’en sais rien. Je ne peux parler que de moi, sur cette route. Le fait est que j’y fus souvent bien seul, comme le sont les parias, les voleurs, les assassins. En croyant emprunter un raccourci, j’ai dû faire dix fois plus de chemin que si j’étais resté bien sagement à ma place. Ma place, quelle était-elle ? Ça non plus, je n’en savais rien. Dix fois plus de chemin aussi pour parvenir à trouver cette fichue place que si j’avais bien voulu écouter mes parents. Mon père disait : « Trouve une place et reste tranquille. » C’est ce que son père lui avait transmis. Et encore avant lui, le père de mon grand-père. Mais ça n’a pas fonctionné pour moi. Je n’ai jamais vraiment su si c’était de ma faute ou si l’époque avait changé. J’entretiens volontairement un doute sur les raisons d’un tel décalage. Elle, elle vient d’une famille qui n’a rien à voir avec la mienne. Je veux dire : sa famille a du goût pour les belles choses, pour l’art — alors que nous, sous cet angle-là, on serait plutôt du genre décati, néandertalien. Je crois que le désir de lire l’auteur dont elle me parlait vient surtout de ce vieux complexe familial. D’ailleurs, elle dit « les ignorants » quand elle repère qu’on ne s’intéresse ni à l’art, ni à la littérature, ni à rien d’autre qu’à tenter de joindre les deux bouts, en fait. La manière dont elle m’avait parlé de ce petit livre d’une centaine de pages m’avait donné envie, de la même façon que sa façon de pincer les lèvres — très particulière — m’avait donné envie de l’embrasser. Et dans le fond, je me demande si ce pincement-là, elle ne l’avait pas chipé à un roman d’Elsa Morante. Mais le livre en question n’était pas d’Elsa Morante. Pas plus que de Doris Lessing. Il vaut mieux supprimer les fausses pistes tout de suite. Il y avait, je crois, en tout premier, une sorte de complexe d’infériorité culturelle énorme — et, en parallèle, une histoire d’immigration croisée. Elle, sa famille venait du sud, le berceau de la civilisation. Encore que la Sicile ait longtemps été une terre envahie par à peu près tout le monde. Et ma famille, elle venait du nord, de chez les barbares vêtus de peaux de bêtes — encore que l’Estonie ait bien des points communs avec la Sicile, question envahisseurs. D’une certaine façon, elle m’a acculturé, exactement comme ces pays conquis qui finissent par assimiler leurs envahisseurs. Par petites touches, elle m’aida à m’extirper de ma nuit arctique. Après la lecture de ce livre, je ne fus plus tout à fait le même. J’avais compris l’essence du désir, la présence d’un tiers nécessaire — surtout pour l’aiguiser jusqu’au paroxysme —, la jalousie qui soudain en découle… et, oui, une belle envie de meurtre.|couper{180}

Carnets | juin 2023

Danger et merveille

Le danger et la merveille de lire est que nous sommes tentés de devenir les héros plus ou moins heureux de ces histoires qu’un inconnu nous raconte. A la surface du miroir que fait surgir toute lecture tant de reflets de nous-mêmes naissent et meurent de livre en livre. Danger de rester le front collé à la surface de ce miroir, merveille d’obtenir le laisser-passer pour le traverser. Lire est comme vivre d’après l’expérience vécue des deux. Au tout début une naïveté, une inconscience quasi totale, puis un éclair bref qui jaillit presque toujours sur le tard et qui éclaire nos propres ombres recroquevillées dans l’obscurité. Alors on voudrait rattraper un temps qu’on estime perdu, le temps de vivre ou le temps de lire, et on se rend compte qu’il est trop tard. Cette prise de conscience bien que tragique en apparence ne l’est que si l’on croit à de vieilles superstitions, que si la vieillesse est le reflet entraperçu sur le visage de nos aïeux, de nos parents et grands parents, une image de la vieillesse telle un vieux cliché en noir et blanc. Mais la vieillesse comme la jeunesse ne sont que différents états de la même chose, c’est à dire de l’être nécessaires l’un comme l’autre à sa complétude. Et je crois aussi qu’on peut réinventer ce que nous plaçons dans ces mots, que chacun d’entre nous est bien libre de le faire. Par exemple qu’un jeune est souvent vieux avant de l’être et qu’un vieux peut avoir un regard pur de nouveau né parfois. Il suffit seulement d’ouvrir les yeux et de voir au delà de ce que nous pensons voir comme on nous aura appris à penser voir et non à voir. De tous les livres que j’ai lus, il m’est si difficile d’en isoler un seul puis de dire je vais seulement parler de celui-là. C’est comme demander à un père de choisir un seul de ses enfants, c’est le sacrifice demandé à Abraham, et auquel seuls les plus vaillants ou les plus fous, les plus pieux obtempérerons. C’est demander un amour surhumain envers une chose surhumaine qui flatte à mon goût bien trop le risque de l’orgueil. Avec le temps je me suis mis à aimer tous les tableaux, tous les livres, comme tous les êtres qui surgissent sur ma route. Ça ne veut pas dire qu’à chaque fois je tombe dans l’effusion, la sensiblerie, non sûrement pas. Je sais seulement ce qu’il en coûte d’écrire comme de vivre, du moins je suis parvenu à l’âge où les idées ne changent plus guère ou changent moins vite sur les choses. Les idées qui valent la peine d’être nommées ainsi surtout. Les héros comme les anti héros ne sont plus aujourd’hui matière à admiration comme autrefois. Je ne le regrette pas plus que ça ne m’enchante. C’est un fait. Seulement un fait. Derrière chaque protagoniste il n’y a jamais un homme seul, mais toute une époque avec ses façons de penser voir, sa permissivité et sa censure, une société. C’est ce que l’on ignore quand on commence dans la vie dans le costume de singleton facile à endosser au début, lourd à conserver au fur et à mesure que l’on progresse que ce n’est qu’un costume. Que la comédie humaine se joue sur le théâtre sociétal et que ses coulisses sont bourrés d’accessoires, à priori divers et variés en apparence, mais qu’au bout du compte tout pourrait se résumer à bien peu. Tout pourrait se résumer en un seul mot : “l’amour” et son grand mystère. Dont j’ai espoir qu’à la fin, nu totalement, chacun puisse se réjouir d’aborder ses rivages puis partager la nouvelle sans la moindre ambiguïté.|couper{180}

oeuvres littéraires

Carnets | juin 2023

Enfanté d’un saut par dessus le songe

Effeuiller une à une toutes les feuilles du mille-feuille pénétrer le chas de l'aiguille fin fil dénué de pensée se retrouver libre au dehors comme au dedans vaste dans la globalité Soulagé du soulagement éperdu de joie Sauvage Sans âge Enfanté d'un saut par dessus le songe Et te reconnaître Fleur parmi les fleurs Premier éclat première lueur|couper{180}

Carnets | juin 2023

L’inaccessible

On me demande un dossier pour exposer à la Maison de la Poésie en Avignon. On pourrait imaginer que j’ai déjà tout de prêt dans un dossier sur mon ordinateur et qu’il suffirait que je produise deux clics pour l’expédier. Je crois que ça n’arrivera jamais. Parce que l’homme que j’étais en créant un tel dossier n’est déjà plus le même lorsqu’on me demande des comptes sur qui je suis ce que je fais, ce que je propose. Ma seule identité stable est sans doute ce doute incessant concernant la croyance envers cette identité stable telle qu’elle serait aujourd’hui exigée pour y ressembler tout du moins. Il faut une date et un lieu de naissance, un parcours, une démarche, des informations biographiques et techniques qui, avec l’âge me semblent de plus en plus appartenir au domaine des rêves. Et ça me plaît mieux qu’avant lorsque je m’angoissais déjà sur ces mêmes demandes. J’ai tant épluché la branche sur laquelle je me tenais que j'ai dû m' épluché tout entier par la même occasion. Ensuite il faut un dossier, on ne peut pas y couper. Donc j’en crée à chaque fois un nouveau de la même façon que j’écris mes textes dans ce carnet. Non pas que j’invente, ce n’est pas cela, mais l’écriture semble réorganiser les événements à sa guise, elle m’aide à les réordonner à chaque fois avec une logique inédite. Est-ce que c’est bien ou mal je n’en sais rien, et de plus je crois que je m’en fiche. Quelque chose est de plus en plus assumé de cette instabilité chronique dont on me chauffe les oreilles depuis toujours et qui créa en moi de profondes angoisses. Surtout par l’écart que je découvris à chaque fois, cette tragédie de la jeunesse de ne pas se trouver tout à fait comme tout le monde et d’aller de ce fait à contre sens par dépit. Je ne vais plus ni dans un sens ni dans un autre vraiment. Je suis parfaitement insensé voilà tout et c’est en grande part assumé quand je comprends aujourd’hui la valeur du sens commun. Quel texte écrire pour la Maison de la poésie en Avignon. Mais le même toujours, inlassablement. Mon chevalet est là devant moi, j’y ai déposé une nouvelle toile blanche, je ne sais pas du tout ce que je vais faire, je n’ai aucune idée, je suis perdu comme aux tous premiers jours de ma vie, alors je prends des couleurs que je dépose sur la palette, j’effectue des mélanges, des petits pâtés de couleurs que je broie et rebroie sous le plat du couteau. Je passe un temps fous à créer ces mélanges, c’est mon petit rituel qui calme la partie anxieuse de ma cervelle. Puis je prends une bonne respiration qui rempli les poumons et je me lance, je pose des tâches, des masses de couleurs sur la toile. Je suis dans une immense forêt du Bourbonnais, puis dans un désert d’Afrique ou d’Australie, je suis dans le chaos de la couleur, dans la pauvreté crasse d’un excès d’abondance, je suis perdu mais quelque chose me pousse à continuer malgré tout, j’appelle ça trouver un équilibre à partir de nombreux petits déséquilibres, j’appelle ça trouver un ordre, une harmonie, une justesse à l’ensemble. Je ne dis pas que je l’atteins comme j’ai rêvé parfois l’atteindre, ce rêve de perfection s’évanouit de plus en plus en plus avec les années, c’était un rêve tout simplement. Rien qu’un rêve produit par une éducation, une histoire, une époque. Quand tout semble tomber juste ( il faudrait un livre entier pour que je m’explique sur le terme juste ) je pose le pinceau et je retourne le tableau contre un des murs de l’atelier. Ce qui me parait juste ce jour ne le sera sans doute plus le lendemain, il faudra peut-être ôter une couleur, ajouter un trait mince, presque invisible, voire tout effacer et recommencer. C’est que le résultat visible de peindre n’est plus vraiment l’essentiel. Ce qui est essentiel c’est de tenter de rejoindre ce qui est juste au plus profond de nous, et qui ressemble pour beaucoup à ce qui reste inaccessible.|couper{180}

peinture

Carnets | juin 2023

Notes rapides

Quelques heures plus tard il fait beau. J’en profite pour aller remplir les bouteilles d’eau aux sanitaires collectifs et au retour prendre quelques images pendant que le café coule. Mais la photo que je n’ai pas prise me manquera. En remplissant une bouteille j’aperçois de la fumée qui sort du tronc d’un arbre. J’ai bien regarder les autres arbres il n’y avait que celui-ci qui fumait|couper{180}

Notes rapides

Carnets | juin 2023

3062023

l'enfant surgit de la forêt où il s'était caché et la première chose qu'il fit fut de chanter la plaine généreuse et blonde, grasse le bleu profond du vaste ciel et les baies mûres sucrées des haies sombres. toute une éternité de mort s'oublie dans le présent de la plus pure des voix, une voix d'enfant qui sait l'enfance du monde. Qui scelle le pacte de l'ancien et du neuf au sceau du son infini Lussas, Ardèche du sud. nous avons loué deux nuits un minuscule bungalow dans ce camping 3 étoiles. 35 euros la nuit, il n'y a personne, les autres bâtiments sont vides. Arrivés jeudi soir avec le beau temps nous repartons ce matin sous le pluie. Du pays charmant au presque lugubre. Mais le pays n'y est pour rien pas plus que la météo, concernant le glissement de la sensation elle m'appartient. Résultat du vernissage d'hier, deux correspondants de journaux locaux, une poignée d'élus, et quelques badauds. Madame le maire, la maire, la mairesse a produit un discours, elle avait étudié son sujet. Moi mauvais élève ai balbutié quelques banalités. A 20 h tout fut plié. Nous sommes partis dîner au routier du rond point entre Villeneuve et La Villedieu. Durant le repas on se rassurait de temps en temps que l'exposition dure un mois. Nous recherchions des souvenirs d'autres expositions, où malgré l'absence de vernissage, nous avions tout de même vendu quelques toiles. P. qui avait été depuis le début très enthousiaste avait l'air absent lors du vernissage. S. me dit soudain, c'est drôle j'aurais pensé que sa compagne viendrait. Ceci explique peut-être cela. rien écrit hier. S voulait regarder une série sur la tablette, et je me suis rabattu sur le téléphone portable pour lire quelques pages de ce bouquin qui traîne beaucoup en longueurs, en détails superflus, en considérations inutiles. Impression que l'auteur a fait un pacte avec lui-même d'attendre 900 pages ou rien. Ce qui me semble possible me concernant bien sûr. Écrire un roman ainsi juste en s'imposant un nombre précis de pages à noircir, pas plus idiot que de vouloir épuiser de belles idées, ou pire livrer un message, une théorie. En même temps le titre en dit long comme le bras sur l'intention. Pour la plupart un titre pareil évoque des histoires à dormir debout. Si j'ai décroché de l'histoire à partir des 300 premières pages, je continue toutefois à tourner les pages avec une même avidité. Mais son origine s'est déplacée. La curiosité tient beaucoup plus à la nature ou l'organisation des mots dans la phrase, les façons d'empiler, d'assembler les divers paragraphes qui forment un chapitre, taille de ceux-ci, les rythmes que propose ce récit. La lecture comme le marathon peut très bien entraîner le lecteur à supporter le point de côté, à la patience nécessaire pour atteindre à un second souffle. Ensuite pourquoi veut on courir un marathon devrait être la première question. Encore cette impression d'être un éternel débutant. Rêve. Très agité, des foules, un mouvement général de houle. Puis zoom tout à coup sur un personnage, sorte d'alter ego, mais bien plus âgé. Un guerrier à la retraite devenu moine, svelte et crâne rasé. Il y a des témoins de cette rencontre qui font cercle autour de nous, aussi nous ne pouvons nous exprimer clairement. Tout est dans le non-dit. A bien y réfléchir ce matin c'est dans ce non-dit que nous savons à quel point nous sommes semblables. nous sommes le même enfant.|couper{180}

fictions brèves