l’enfant surgit de la forêt où il s’était caché et la première chose

qu’il fit fut

de chanter

la plaine généreuse et blonde, grasse

le bleu

profond du vaste ciel et les baies

mûres sucrées

des haies sombres.

toute une éternité de mort s’oublie dans le présent de la plus pure des voix, une voix d’enfant qui sait l’enfance du monde.

Qui scelle le pacte de l’ancien et du neuf au sceau du son infini


Lussas, Ardèche du sud.

nous avons loué deux nuits un minuscule bungalow dans ce camping 3 étoiles. 35 euros la nuit, il n’y a personne, les autres bâtiments sont vides. Arrivés jeudi soir avec le beau temps nous repartons ce matin sous le pluie. Du pays charmant au presque lugubre. Mais le pays n’y est pour rien pas plus que la météo, concernant le glissement de la sensation elle m’appartient. Résultat du vernissage d’hier, deux correspondants de journaux locaux, une poignée d’élus, et quelques badauds. Madame le maire, la maire, la mairesse a produit un discours, elle avait étudié son sujet. Moi mauvais élève ai balbutié quelques banalités. A 20 h tout fut plié. Nous sommes partis dîner au routier du rond point entre Villeneuve et La Villedieu. Durant le repas on se rassurait de temps en temps que l’exposition dure un mois. Nous recherchions des souvenirs d’autres expositions, où malgré l’absence de vernissage, nous avions tout de même vendu quelques toiles. P. qui avait été depuis le début très enthousiaste avait l’air absent lors du vernissage. S. me dit soudain, c’est drôle j’aurais pensé que sa compagne viendrait. Ceci explique peut-être cela.

rien écrit hier. S voulait regarder une série sur la tablette, et je me suis rabattu sur le téléphone portable pour lire quelques pages de ce bouquin qui traîne beaucoup en longueurs, en détails superflus, en considérations inutiles. Impression que l’auteur a fait un pacte avec lui-même d’attendre 900 pages ou rien. Ce qui me semble possible me concernant bien sûr. Écrire un roman ainsi juste en s’imposant un nombre précis de pages à noircir, pas plus idiot que de vouloir épuiser de belles idées, ou pire livrer un message, une théorie. En même temps le titre en dit long comme le bras sur l’intention. Pour la plupart un titre pareil évoque des histoires à dormir debout. Si j’ai décroché de l’histoire à partir des 300 premières pages, je continue toutefois à tourner les pages avec une même avidité. Mais son origine s’est déplacée. La curiosité tient beaucoup plus à la nature ou l’organisation des mots dans la phrase, les façons d’empiler, d’assembler les divers paragraphes qui forment un chapitre, taille de ceux-ci, les rythmes que propose ce récit. La lecture comme le marathon peut très bien entraîner le lecteur à supporter le point de côté, à la patience nécessaire pour atteindre à un second souffle. Ensuite pourquoi veut on courir un marathon devrait être la première question. Encore cette impression d’être un éternel débutant.

Rêve. Très agité, des foules, un mouvement général de houle. Puis zoom tout à coup sur un personnage, sorte d’alter ego, mais bien plus âgé. Un guerrier à la retraite devenu moine, svelte et crâne rasé. Il y a des témoins de cette rencontre qui font cercle autour de nous, aussi nous ne pouvons nous exprimer clairement. Tout est dans le non-dit. A bien y réfléchir ce matin c’est dans ce non-dit que nous savons à quel point nous sommes semblables.

nous sommes le même enfant.