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Et après
Révolte des Gilets Jaunes Photo SIPA Ils avaient investi les rond-points des villes, des villages. Ils avaient marché longtemps jusqu’à la capitale, traversé ses faubourgs, ses cités, dépassé le périphérique, avaient découverts les boulevards extérieurs, les grandes artères, les rues, les ruelles et les venelles, puis enfin avaient atteint l’Élysée ; les forces de l’Ordre s’étaient même écartées à leur arrivée. Ils fracassèrent les portes du Palais, découvrir encore le hall puis s’arrêtèrent net. Ils ne savaient pas ce qu’il fallait faire ensuite. Ils regardèrent un instant les ors de la République, se regardèrent les uns les autres, puis très vite ressortirent. —Et après ? demanda quelqu’un dans la foule des badauds. Mais personne ne lui répondit.|couper{180}
 
      
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Stage de peinture ce dimanche "oser, hésiter"
Une spirale à l'encre de chine Partir avec ces deux mots, oser et hésiter. Ne rien préparer vraiment. C'est osé. Eprouver quelques doutes, c'est hésiter. Ce qui fait songer à la notion de préparation. Quand la résistance s'insinue jusque là. Le refus de préparer quoique ce soit pour être au moment, tout entier livré au moment, à ce point d'équilibre qu'impose ce terme. Equilibre fondé sur quoi, toujours la question en suspens. Même si l'on sait pertinemment que c'est une somme de déséquilibres successifs qui crée cet équilibre là précisément, et pas un autre. Y aller les mains dans les poches ? c'est hésiter. Se souvenir qu'on a une vie, que l'on n'a pratiqué que cela, que le déséquilibre est notre grande affaire, qu'on n'a pas à en rougir, c'est oser. En fait le secret du mouvement ce n'est pas oser ou hésiter, aucun de ces deux verbes n'est un havre de paix, une sinécure. Aller à fond dans l'un comme l'autre est un bon exercice pour comprendre la friction, l'invisible force comme chef d'orchestre placé entre les deux. L'écrire ici renforce t'il quoique ce soit ? Est-ce un préambule au rituel ? Une manière de se rassurer, d'aller quérir un semblant d'audace ? Probablement un peu de tout ça, et rien de tout ça puisque qu'avant de commencer quoique ce soit on ne sait pas, on ne sait rien, parce qu'il faut tout oublier pour se lancer dans la journée une nouvelle fois.|couper{180}
 
      
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Le "petit quelque chose"
Rompu à tous les artifices scénaristiques , il dédaignait désormais de lire des romans. La plupart du temps le premier paragraphe de la première page suffisait pour qu’il sache qu’il lui serait inutile, voire toxique de persévérer dans la lecture. Il ignorait la compassion, l’attendrissement, c’était un ayatollah de la langue, d’un radicalisme exacerbé par ce qu’il considérait comme l’ennemi public numéro 1, la médiocrité distillée par le divertissement, l’ennui produit par les machines à pondre de l’illusion à bas prix. Ses vastes connaissances de l’art du récit, du mensonge, qu’il avait puisée dans les récits oubliés datant de la plus haute antiquité, désormais formaient un obstacle qui ne lui permettait pas de s’adonner sans honte à la consommation des livres de fiction. Il ne voyait plus que les os des ouvrages, leur chair était devenue inconsistante, fade , épicée à outrance de poncifs, de clichés - une sauce indigeste destinée à masquer aux insensés l’indigence terrifiante des péripéties de bas étage qu’on y trouvait de façon répétitive. Rare était l’exception. Le petit quelque chose qui, lorsqu’il tombait dessus recréait le monde, balayait la morosité, redonnait un peu d’espoir en la journée qui commence. Il ne parcourait les livres que le matin de bonne heure comme on essaie d’entretenir un jardin par temps de canicule. Il suffisait d’une tournure de phrase, d’un agencement inédit dans l’ordre des mots, bien sur à peine détectable, simple- avec le poids de la définition accompagnant cet adjectif- pour que sa respiration s’accélère, que son cœur se remette à battre, pour que la vie anime encore une fois ses membres, ses mains, ses doigts, et qu’il tourne, non sans un mélange d’inquiétude et d’espoir, la page.|couper{180}
 
      
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Limites de l’autobiographie
Peut-être est-ce le bon moment de parler des limites que devrait nous ( nous pour ne pas subir ici, faire subir, l'inconfort du je) imposer notre propre perception du monde, si toutefois on conserve à l’esprit que cette perception n’est pas la réalité mais une construction de l’imagination. Des limites clairement établies une fois pour toutes nous aideront à mieux nous mentir. A mieux nous mentir à nous-mêmes, plus habilement, jusqu’à transformer l’art du mensonge en loisir à défaut de littérature authentique Peut-être pourrions-nous alors nous surprendre nous-mêmes. Car, avec quelques précautions, quelques efforts, un peu d’audace, un zest de discernement , nous laisserions de coté les clichés, les poncifs, toute chose vue ou entendue et dont nous nous servons comme de programmes en boucles, pour effectuer ce genre d’opération médiocre quand ce n'est pas l'utilisation abusive d'un outil prétendument intelligent et totalement artificiel. Lorsque nous voulons raconter notre vie, nous sombrons si facilement dans le récit, nous réinventons la plupart des événements, des êtres, nous fabriquons des décors, des personnages, très souvent à seule fin de nous glorifier, de ne pas trop exprimer la honte, la lâcheté, la roublardise, de nombreuses de nos interactions avec les autres, avec la vie- soit à nos propres yeux avec une mauvaise foi atterrante, soit aux yeux des autres dont la plupart du temps nous ne savons rien. Encore faut-il, pour éprouver cette gène fondamentale, avoir vraiment pris conscience de l’absurdité de tout récit de cette catégorie. Car, très souvent, nous sommes victimes de cette obsession qu’il devienne crédible- avec tout ce que nous imaginons de ce que peut être cette crédibilité- aux yeux d’un public, inventé, rêvé lui aussi. Nous voudrions être l’acteur le plus important de notre récit et, bien sur, erreur de débutant, nous projetons cette importance sur ce public fantasmé. Mais si l’on prend les choses en sens inverse. Si on part du principe que la plupart des gens se fichent éperdument de toute autobiographie, que la plupart des gens sentent intuitivement que l’autobiographie est une fiction, on peut changer son fusil d’épaule. On peut alors dire : “ ceci est une fiction, n’en croyez pas un mot, ceci est un personnage, cela est une histoire comme tant d’autres.” Au début, ne pas saisir l'importance de ces limites est une histoire banale. Il est possible que le parcours d’un écrivain consiste à saisir cette notion de limites. Le plus tôt il les sentira, le plus tôt il pourra les utiliser pour en jouer et écrire des histoires intéressantes. Et qu’est-ce qui intéresse les gens la plupart du temps dans les histories qu’on leur raconte ? C'est de s'y retrouver eux-mêmes surtout. De retrouver leur problématique principale, la banalité de leur existence. N’est-ce pas là une bonne clef pour ouvrir la bonne serrure : partir de la banalité de l’existence, celle dans laquelle nous vivons tous, et transformer celle-ci quelques instants, le temps d’un livre, en quelque chose d'extraordinaire. Une banalité qui se modifie peu à peu, qui se métamorphosera au fur et à mesure des pages que l’on tourne en quelque chose d'extraordinaire. Et cette double action écrire- lire ne permet-elle pas d'acquérir, aussi bien pour l'auteur que pour le lecteur, un nouveau point de vue sur ce qui à première vue est considéré comme banal et par ricochet ce que nous considérons d'avance surtout d'imagination, comme étant l'extraordinaire ? Ce sont donc bien sur ces limites que le travail doit s'accomplir. Et peut-être qu'une fois aperçues, une porte de sortie apparaisse, permettant à l'écrivain de sortir de son autobiographie. De prendre en tous cas du recul avec celle-ci, de la transformer en autre chose qu'une plainte, un obscénité ou un outil thérapeutique.|couper{180}
 
      
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Le rêve de publicité
Pas de publicité pour ma dernière exposition. Pas de photographie non plus. Je n'en ai pas éprouvé le besoin, la nécessité. Je vis en ce moment tellement à coté de ce que tout le monde nomme la réalité. A moins que je ne cesse toujours de m'obstiner à ne pas vouloir y entrer. Mon rêve publicitaire s'est achevé je crois. Celui qui contenait ( avec peine ) le délire de la notoriété de la célébrité, de la renommée. A 25 ans j'écrivais sur mon petit carnet : le dernier refuge sera l'anonymat. J'étais si fier de cette trouvaille. Ensuite je crois que j'ai passé le reste de ma vie à vouloir étayer cette intuition. J'ai fait tout ce qu'il fallait pour essayer de me rendre visible, de me rendre intéressant, voire séduisant, oh bon sang comme j'y suis allé de bon cœur, comme volontaire pour la trépanation. Vol au-dessus d'un nid de coucous, un très bon film en passant. Puis une fois un ou deux tours de piste enfilés, découverte extraordinaire de la piste de sciure et du rôle que finalement le public m'avait de guerre lasse attribué. Auguste, je me suis drapé dans un joli sourire. Rendons à César ce qui revient à César. Même ce blog est le dernier sursaut effectué pour me débarrasser à jamais de toute rêverie publicitaire. Je tire sans doute ses dernières cartouches. Je n'aura pas fait trop long feu. Quelques années, trois petits tours et puis s'en vont. Ce qui reste c'est l'anonymat. Même moi ne me reconnait plus.|couper{180}
 
      
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Suivre un protocole
protocole visuel pour lacer une chaussure. Avant de suivre un protocole, je parie qu'il faut s'y engager de façon consciente et volontaire. Disons que si on fait le choix, il vaut mieux s'y tenir que non. En informatique si on commence avec le protocole FTP il ne vaut mieux pas changer d'idée en cours de route, sinon ce qu'on en attend finira fatalement en un paquet de données inexploitables d'un côté ou de l'autre. Il faut deux côtés pour lancer un protocole, un émetteur et un récepteur. L'émetteur envoie un certain paquet de règles à appliquer, à respecter, le récepteur s'y plie, il les applique. En cancérologie, il ne vaut mieux pas jouer au malin, n'en faire qu'à sa tête, le protocole est strict, le protocole ne compte pas pour du beurre. Sans doute que le protocole est auréolé d'une certaine gravité dans mon imaginaire. Et que la gravité fait reculer. On aimerait bien rire mais ce n'est pas le moment. Protocole oblige. Appelé aussi étiquette parfois, suivre l'étiquette- on se souviendra des levers, des couchers du roi soleil, de ses repas, de ses défécations, de ses ablutions, de ses fêtes comme de ses guerres - étiquettes compliquées retorses - obligeant courtisane et courtisan à suivre un protocole, ou, si l'on est policier une piste, sans la lâcher. et il est important de ne rien lâcher à ce moment là, disent les chefs cuisiniers de la téléréalité. Car l'important est de parvenir au bout, à bout de. Fabriquer le meilleur des mets qui produira la plus belle crotte, qui elle-même choira dans la plus belle cuvette etc. N'oubliez pas le protocole pour laisser propre l'endroit une fois l'affaire achevée. Un protocole médical est-il semblable à un protocole scientifique, à un protocole artistique, à un protocole vinicole ? Ce qui les relie tous c'est la notion de mode d'emploi, la liste à puces ou numérotée, ne pas faire le petit 2 avant d'être passé par le petit 1. Ce qui semble assommant à première vue provient surtout de l'ignorance des bénéfices que l'on peut en retirer. Cette ignorance qui déclenche l'outrecuidance de n'avoir rien à secouer des protocoles en général. C'est une erreur de jeunesse. Je n'ai jamais bien aimé les modes d'emploi. Et encore moins les plans de construction des meubles Ikea. Ce qui ne m'a pas valu que du bon. Car réfléchis au pourquoi du comment, un peu. Les ancêtres se sont pliés en quatre, de plus dans certains pays on a réduit leurs os dans des cassettes pour qu'ils deviennent empilables à l'infini, ou qu'ils prennent moins de place dans les cimetières, et peut-être aussi pour aider leurs descendants à se défaire encore un peu plus de tout lien émotionnel qui nous entrainerait à n'effectuer que du sur place dans l'ici-gît. Il faut avancer c'est la loi. Qui n'avance pas recule. On peut penser un petit instant, à ce protocole si compliqué pour envoyer une fusée dans l'espace. Une génération vers l'avenir. Il faut y réfléchir un tant soit peu. Et ensuite suivre la marche à suivre, à la lettre. Au moment du compte à rebours, il sera hélas trop tard pour hésiter. Le protocole est lancé. Plus qu'à prier pour que tout marche ( il faut avancer) Un singe dans la cabine là-haut n'en mène pas large, il a retroussé ses babines pour montrer ses dents, une réaction de primate en cas de danger réel. Un sourire nerveux. En bas un homme retrousse ses manches pour s'y mettre, pour se faire à l'idée, pour enfiler une chaussure qui d'emblée lui semble trop petite Les fesses posées sur un tabouret, il a à étiré la chaussette pour qu'elle ne fasse pas un pli, puis il a présenté le bout de ses orteils dans la gueule de la godasse, il y a glissé le pied tout entier, a lacé les lacets, noué les brins pour faire un joli nœud. Maintenant l'homme a une chaussure à son pied, mais ça ne sert à rien de se réjouir trop vite, ce n'est pas fini, il faut aussi mettre l'autre à l'autre pied. Puis se lever, choisir une direction vers quoi marcher, et avancer. ( il faut toujours avancer, sinon on ne fait que reculer)|couper{180}
 
      
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Les mots et les bruits
Exercice de chauffe. Tout ce qui vient sans correction, dans une absence de correction, de façon incorrigible. Rendre compte du bruit par les mots ? traduire un bruit en mot ? S'accrocher à un cliché rodé comme le crépitement du feu, le bruit du ressac pour évoquer la mer, le hululement du vent ? Liste de bruits par catégorie. Bruits de la rue Bruits de la ville Bruits de la campagne Bruits dans un appartement en ville Bruits dans une maison de village, une ferme, une bergerie, Bruits dans une église, bruits dans une mairie, bruits dans une gare, bruits dans un supermarché, bruits dans la salle d’attente d’un dentiste, bruits dans un bistrot, bruits dans un crématorium, bruits dans un cimetière, bruits dans une cour de récréation, bruits dans une salle de classe, bruits dans un jardin, bruits sur un chantier, bruits au bord de la rivière, bruits au bord d’un canal, bruits sur un pont suspendu, bruits dans une galerie souterraine, bruits dans la cave, bruits dans un grenier, bruits dans une maison toute neuve, bruits derrière une cloison, bruits provenant du plafond, du plancher, bruits selon les heures de la journée, bruits réels, bruits inventés, bruits connus et inconnus, bruits par degré d’intensité, bruits par degré d’agacement, bruit familier, bruits qui font sursauter, bruits qui font cogner le cœur dans la poitrine, bruits qui créent un haut-le cœur, bruits que l’on peut faire avec les parties du corps, bruits qui nécessite un outil, bruits sur lesquels on peut ou on ne peut intervenir. Beaucoup de bruits pour pas grand-chose. Un bruit de tous les diables. Sans bruit. Le bruissement. Sonorités de mots qui évoquent un bruit : le chuintement, le sifflement, l’usage de l' allitération, le hoquet, une cacophonie, une écholalie. Se répéter le dernier mot entendu pour essayer de ne pas perdre le bruit de quelque chose, de ne pas perdre le fil du discours. Décalcomanie. La manie de calquer ou de décalquer. Le froissement du papier d’un Malabar, d’un Carambar, déforme “ le “décalcomani” valant pour le dessin résultant d’un transfert. Tu l’as ce décalcomani ? Ou encore je vais le décalquer, pour dire casser la figure, le bruit de la claque, un peu différent de celui de la gifle, de la tarte, de la giroflée à cinq branches, du pain dans la tronche, du marron, de la beigne. Bruits de la rue, Vroum, clameur, grésillement d’un bec de gaz, du filament d’une ampoule de réverbère, de néon, du mégot de cigarette jeté sur une petite flaque d’eau, grésillement des bas en nylon qui frottent l’un contre l’autre au niveau des mollets, grésillement du goudron qui fond sous la chaleur, grésillement du crachin sur une pancarte en tôle, grésillement d’un rasoir électrique provenant de l’habitacle d’un taxi garé dans une impasse. Grésillement d’une plaque de gaz qu’on allume, glissant du haut d’un immeuble par une fenêtre entr’ouverte. Grésillement d’une mèche de cheveux brûlée dans un cendrier, grésillement du fer à friser dans l’officine d’un coiffeur pour dames. Grésillement du saindoux fondant dans une poêle, dans la cuisine de ce restaurant. Grésillement du pain dans le grille-pain. Un grésillement électrique, un grésillement continu, un grésillement permanent auquel on fini par s’habituer, le grésillement s’accentue, s’amoindrit s’atténue, s’arrête, reprend . On n’entend plus le grésillement. Le grésillement habituel dans la grisaille du petit matin. Le grésillement des caténaires dans le silence du quai. Le grésillement d’un insecte contre une vitre épaisse. Le grésillement au début presque inaudible envahit maintenant tout l’espace de la rue. Chuintement des oiseaux de nuit sur le plomb des toits. Une fois l’averse passée, le goudron chuinta, laissant échapper de petits nuages flottant ça et là. Grincement. Une porte s’ouvrit en grinçant tandis qu’un peu plus loin crissèrent des freins il y eut un gros boum, quelqu’un sorti d’un véhicule, puis il y eut un hurlement, des éclats de voix, des gémissements, des cris, des pleurs et puis soudain plus rien, silence. Puis on le démarrage d'un moteur, un crissement de pneu, il y eut un vroum, et, enfin, le grésillement familier des néons qui te rappelle à ta solitude dans cette rue cette nuit là. Bruit du rideau de fer qui se lève ou se baisse. Le fracas habituel. Un fracas ponctuel. Tout en bredouillant de vagues bonjour, en s’excusant de son retard, il manœuvrait la manivelle pour hisser le lourd rideau de fer de la boucherie chevaline. Des années étaient passées. Il suffisait désormais d’appuyer sur un commutateur pour lever ou baisser le rideau de fer des devantures des magasins de vêtements. L’opération s’effectuait presque silencieusement. Vers 9h tous les rideaux se levant en même temps lui serrait le cœur, après avoir vaillamment traversé la nuit, il fallait encore réunir suffisamment d'entrain pour remonter la rue de Rivoli depuis Châtelet, atteindre la Bastille se familiariser à nouveau avec le bruit assourdissant de la ville, grimper cinq étages, dont les marches parfois craquaient, couinaient, grinçaient, effectuer encore quelques pas feutrés jusqu'à une porte, tapoter ses poches pour entendre le tintement familier des clefs, introduire une de celles-ci dans la serrure, la faire jouer sa petite musique d'ouverture, refermer doucement la porte derrière soi, puis se dévêtir le plus silencieusement possible, et enfin tout doucement se glisser contre le corps nu à l'abandon sur le lit ; dociles les lames du sommier neuf accueillaient son poids sans le trahir, il allait peut-être enfin dormir.|couper{180}
 
      
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Comment interpréter un tableau abstrait de Julie Merhetu ?
The Seven Acts of Mercy Julie Merhetu 2004 Mimer pacifiquement la guerre ? la violence ? Le stade, les dieux du stade. Une course de 192, 27 m car 600 fois l’empreinte du pied d’Hercule ; soit 600 fois 32 cm soit 12 pouces, ou encore 1 foot anglais. (Cette distance correspondait en 776 avant JC à un stadion ou stade. ) Par la suite dans les compétitions en l’honneur de Zeus, on ajouta le retour, soit le diaulos, puis encore plus fort 24 stades, le dolichos soit 4,6 km. A Olympie il n’y a pas vraiment de structure olympique au sens où nous l’entendons désormais. Il s’agit en tout et pour tout d’une piste recouverte d’un mélange de terre et de sable et qui forme un rectangle de 212 m de long sur une largeur de 28, 60 m aux extrémités avec un renflement l’élargissant à 30,70m en son milieu. On y pratique bien sur la course à pied, mais aussi la lutte, le pugilat, le pancrace, des sports équestres, et aussi des épreuves musicales. Au tout début il s’agit pour les coureurs d’atteindre le bois d’Altis. Puis on pratique quelques aménagements, un tunnel sera creusé depuis Altis permettant aux compétiteurs d’apparaître “ comme par miracle” aux regards des spectateurs. Autour de la piste on crée des remblais et des talus pour offrir des places à ceux-ci et quelques unes déjà en surplomb, pour les privilégiés. On installe des sièges pour les notables, puis viendront ensuite les gradins, avec un ordre de placement hiérarchisé selon la condition de chacun qui s’y assoit, ou qui ne s’y assoit pas. Car ici du reste la plupart ne peuvent s’asseoir mais reste debout, le peuple. C’est la naissance du stadium le lieu “où l’on se tient debout” et qui peut accueillir jusqu’à 40 000 personnes. “une totalité spatiale organique” Le stade se propose comme un espace fermé, qui s’articule à la ville selon des modalités qui ne sont pas celles de la palestre ( autre lieu sportif réservé aux adolescents âgés entre 12 et 16 ans qui y pratiquent la course également mais aussi le lancer de javelot, le lancer de disque, mais aussi à cultiver l’art des bonnes manières et la discipline- lieu préparatoire à la guerre comme à la défense des cités). Le stade se différencie également du xystos, piste couverte dans un gymnase où l’on s’entraîne par mauvais temps ou lorsque il faut trop chaud à l’extérieur. Le stade n’a rien non plus à voir avec l’autel, le temple, l’agora ni aucun autre édifice de la cité. Au bout du compte si on peut imaginer dans la pensée première du roi Iphitos l’utilisation du stade comme amusement, délassement, ersatz de la guerre, le lieu du Jeu, le lieu où même un cuisinier peut devenir durant quelques instants un héros, presque déjà un dieu ( Référence à Kérébos qui remporta la toute première course en Olympie) il est possible que l’on se fourvoie. Le stade permet à la guerre de continuer même quand elle n’est pas là. Le stade permet de conserver actif l’esprit de compétition, l’esprit combatif même et surtout en temps de paix. Le stade acquiert ainsi une place décisive dans la cité il devient le centre névralgique de la compétition autour duquel s’organise la ville et ses nombreuses activités. Il exerce une force centripète sur l’ensemble des peuples hellènes, fondant ainsi une nouvelle unité sociopolitique spécifique à chaque nouvelle olympiade. Pourquoi le retour des stades ? Ce qui est étonnant c’est que le phénomène du stade est perdu au Moyen-Age comme à la Renaissance, on ne le retrouve que de nos jours avec la même intensité qu’autrefois. Est-ce que le stade s’associe au sport comme on pourrait le penser, certainement pas. Le stade représente tout autre chose, sans doute la même volonté qu’autrefois de créer une sorte de consensus émotionnel, ou d’aveuglement des foules, hypnotisées, galvanisées par l’aura du sport et de ses divinités, “ses stars.” Je me demandais si la peinture abstraite contemporaine pouvait exprimer des thématiques associées aux temps actuels, si elle pouvait par exemple évoquer le changement climatique, les conflits sociaux, témoigner tout autant que la peinture figurative avait pu le faire et certainement continue à le faire de notre temps. J’ai été attiré par un tableau de Julie Merehtu intitulé The Seven Acts of Mercy, [Les sept actes de miséricorde], et qui fait ainsi référence à une peinture éponyme du Caravage, avec plusieurs points de fuite autour d'une structure centrale presque religieuse qui me rappelle vaguement l’image du stade. Que voit-on sur le tableau du Caravage ? Cette toile représente les sept œuvres de miséricorde dites « corporelles » qui, dans le dogme chrétien catholique, consistent à : enterrer les morts. À l'arrière-plan, deux hommes portent un mort dont on ne voit que les pieds. visiter les prisonniers et nourrir les affamés. Sur la droite une fille rend visite à son père emprisonné et lui donne le sein pour le nourrir (légende de Pero et Micon). aider les sans-abri. Un pèlerin reconnaissable à la coquille sur son chapeau recherche un abri. visiter les malades. Le mendiant paralysé gît sur le sol. vêtir ceux qui n'ont rien (à l'exemple de saint Martin qui a donné son manteau au mendiant nu). donner à boire à ceux qui ont soif. Samson boit de l'eau de la mâchoire d'un âne. Petite histoire du tableau du Caravage celui-ci à été peint pour l’église de la congrégation du Pio Monte Della Misericordia à Naples. A l’époque le peintre veut échapper à la justice romaine, il fuit Rome pour se rendre à Naples en 1607 alors sous domination espagnole. C’est sans doute l’œuvre qui lui a rapporté le plus d’argent 400 ducats, c’est aussi à la même époque qu’il peint la Flagellation du Christ pour le riche Tommaso de Franchis. Ce que cela m’inspire est sans doute tiré par les cheveux. Autour de quelle institution fédérer le peuple quand le stade a disparu ? La religion, le catholicisme, la Miséricorde ? Mais tout cela n’est encore une fois de plus qu’une tentative de dérivation de la violence inhérente à l’homme, dérivation ou entretien de celle-ci dans l’imposition d’un paradigme basé sur la dualité bien-mal, bonne ou mauvaise action, croire ou ne pas croire et qui entraînera la création de plusieurs inquisitions pratiquement dès la naissance de cette institution. Le sport et la religion même combat, le but étant l’aveuglement collectif, le naufrage dans l’émotionnel, et bien sur son exploitation par des personnages à sang-froid. Que représente le tableau de Julie Merhetu ? Des gestes de peinture plus ou moins appuyés presque dérisoires autour d’une construction architecturale, seul élément solide de l’œuvre. Mais quoique évanescents, ces gestes, remplissent presque la totalité de l’espace, ils sont majoritaires. Ils cernent le stade comme s’il devenait leur cible, comme s’ils s’y opposaient avec une certaine douceur due notamment aux valeurs de gris peu marquées, à une douce confusion, à peine relevée ici et là de traits plus précis, souvent en arc de cercles, en courbes, évoquant peut-être une caractéristique féminine. Il y a là une opposition entre les courbes rigides de la construction architecturale qu’on peut sans peine imaginer masculine, machiste, et celles plus chaotiques d’une féminité “sauvage” ou tout simplement naturelle. Ensuite la relation avec le tableau du Caravage quelle est t’elle vraiment ? Il est question des miséricordes corporelles en opposition à celles spirituelles ( 7 de chaque) Le tableau s’organise autour d’un vide, d’une obscurité, la lumière vient de la gauche, ce qui évoque pour moi la maladresse, le hasard, ce qu’on appelle généralement la gaucherie, la femme gauche, la féminité ainsi considérée durant des siècles. Que la lumière de la vienne de la gauche et crée ainsi des contours aux silhouettes, les fait apparaître hors de l’obscurité de la violence fondamentale et comme surprises dans leurs œuvres nommées miséricordieuses procure une belle émotion esthétique et intellectuelle, assez semblable d’ailleurs à celle procurée par l’œuvre de Julie Merhetu. Quasiment identique. Ainsi deux oeuvres totalement différentes plastiquement mais qui traitent d’une même thématique, celle de la violence finalement, ou encore de l’opposition ombre et clarté , féminin-masculin, se relient dans une histoire plus vaste de l’humanité. Ensuite, c’est peut-être simplement mon point de vue personnel, ma façon d’interpréter les choses et notamment les œuvres qui me passent devant les yeux avec la grille de lecture dont je dispose. Note : cet article a été en partie inspiré par un article de Robert Magiorri sur le livre de Marc Perelman, l'Ere des stades (Genèse et structure d'un espace historique) , Le cahier Livres de Libé 10 juin 2010) Julie Merhetu est née en Ethiopie en 1970, elle quitte l'Afrique pour s'installer aux Etats-Unis en 1977. Sa thématique principale est axée sur les conflits sociaux. ( voir sa page Wikipédia )|couper{180}
 
      
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L’impression de perdre son temps
Le temps perdu à regarder des vidéos traitant du logiciel d'écriture Scrivener. Le temps perdu à se dire : tiens c'est nouveau, ça va peut-être me changer la vie. Le temps perdu à farfouiller dans le logiciel Scrivener dont je viens de charger la version d'essai. Le temps perdu, à faire quelques essais, peu concluant, pour essayer d'importer mes articles de blog dans Scrivener. En vain. Il faudra passer Par le format R.T.F ou O.D.T. Et donc encore perdre du temps pour savoir comment passer du X.M.L à ces formats. Il y a des matins comme ça. On sait que l'on est en train de perdre son temps, on le sait pertinemment, mais on ne fait rien pour l'empêcher. Il est même possible qu'on en éprouve même une sorte de jouissance malsaine. Comme si soudain on disait à ce monde de contingences qui ne cesse de nous harceler : —fiche-moi la paix, laisse-moi au moins cette impression de perdre mon temps comme je le désire. Evidemment le mot procrastiner vient à l'esprit. Ce n'est pas bien de procrastiner. C'est comme entrer dans une boulangerie, s'acheter quelques religieuses puis se les enfiler à s'en faire pleurer les yeux. Ensuite il faut bien choisir sur quel point exact se situer entre une tristesse infinie, et un je m'en foutisme raisonnable Du reste, il est possible que tout ne soit effectué que dans ce seul but : parvenir à ce havre de paix précaire, à ce point exact, l'œil du cyclone- quelques instants seulement- puis se faire avaler à nouveau par la vanité des choses à faire, des responsabilités, l'illusion de gagner ou de perdre ce temps qui, en outre, ne nous appartient pas. J'ai choisi cette image dans la médiathèque du blog, la seule sensée, bien que je ne sache pas vraiment ce qui l'est ou pas en ces temps de fin du monde. Peut-être que l'on perdra d'autant plus ce temps qui ne nous appartient pas, que la fin de ce monde se rapprochera. Qu'on aura encore ces impressions, car ce ne sont bien sur que des impressions.|couper{180}
 
      
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certain, incertain
La réalité ne propose pas de chemin, elle est une multitude de chemins qui s'enchevêtrent. Suivre un chemin est donc du domaine de la volonté, pour avant tout ne pas perdre de vue un tracé choisi. Mais ce n'est pas un chemin que l' on effectue dans une réalité, c'est un déplacement dans l'arbitraire. Que faire une fois que l'on a compris que tout chemin est arbitraire, qu'il n'a rien à voir avec le reel, mais plutôt avec un double que l'on s'invente ? L'errance me paraissait idéale pour pallier le problème, et durant une bonne partie de mon existence j'y ai cru dur comme fer comme si cette dureté qu'elle imposait pouvait représenter la dureté que j'attribuais au réel. Mais là encore je me fourvoyais. Le reel n'est ni dur ni mou, ou bien il est les deux et bien des choses encore. Tout ce que l'on voudra bien imaginer. Autant de choses que l'on voudra déposer dans ce double qui n'est pas lui, qui ne peut être lui. Ainsi l'errance possède sa propre détermination tout comme le fait de choisir un chemin et s' y tenir, le but est grosso modo le même, considérer le réel comme une entité qui nous échappe quoiqu'on veuille faire pour essayer de le saisir. Cette esquive de la réalité entre certain et incertain forme néanmoins une assez touchante histoire. Parfois comique, parfois tragique. D'autres fois encore sans saveur particulière. Peut-être que c'est l'histoire- cette réalité qu'on ne peut dépasser, en tant que double double. Double de la réalité et double de soi-même. Ensuite la difficulté réside dans le fait qu'on ne peut savoir qu'il s'agit seulement, vraiment d'une histoire, que lorsqu'elle celle-ci s'est achevée.|couper{180}
 
      
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la joie de créer
heureux celui qui crée par nature, il sera dispensé de la nécessité du gouffre. Pour les autres il faudra s'engouffrer, ramper dans les galeries, remplir leurs poumons de miasmes, d'un air vicié, affronter maints dangers dont le premier comme l'ultime sera toujours le même. Une idée d'importance que l'on désire coûte que coûte sauvegarder. Est-il possible ensuite de ressortir du gouffre puis d'embrasser fraternellement notre propre nature, comme universelle ? de rire de ce périple, d'acquérir ce fameux cœur à l'ouvrage, de surmonter le courage du désespoir... s'il n'y avait qu'une toute petite graine d'espoir à préserver, ne serait-ce pas celle-ci ? créer par joie dans la joie pour la joie, sans autre. Cela peut paraître égoïste bien sur. Un égoïste étant encore, par ces temps dévastés, celui qui ne pense pas à moi, mais aux autres toujours et ce souvent malgré lui.|couper{180}
 
      
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à quoi peut bien servir la glande pinéale ?
similaire et identique, toute une histoire ... Tout doit-il servir ? c'est peut-être La question, celle à se poser avant toute autre. Sinon c'est l'utile ou son corollaire, l'inutile qui forgeront toutes les réponses. Par exemple : à quoi donc peut bien servir la glande pinéale ? - Elle est utile pour représenter un hiéroglyphe égyptien, elle est utile pour fabriquer de la D.M.T quand on n'a pas d'ayahuasca sous la main. Elle est incontournable pour se peindre un troisième œil quand les deux autres ne voient pas plus loin que le bout du nez. Elle est essentielle pour s'orienter dans les trous de ver reliant les univers parallèles. Elle peut être utilisée comme talkie walky pour tailler le bout de gras avec la déesse Éris ( selon les adeptes du discordianisme, ce qui ne fait pas vraiment envie, détestant toute discorde) A défaut de toutes ces choses, elle peut aussi remplacer le mou pour le chat. En revanche on ne peut pas la découper en morceaux pour remplacer les pignons de pin dans les salades, on y perdrait beaucoup en saveur. note : D.M.T principe actif de l'ayahuasca, dite aussi diméthyltryptamine, permet de vivre des expériences proches des N.D.E ( near death experiences ) experience de mort imminente. ( d'après Wikipedia ) On peut saluer les indiens d'Amazonie pour avoir réussi cet exploit de trouver la formule pour l'ingérer par voie orale... D'ailleurs il faut plutôt être circonspect avant de s'engager à boire ce breuvage qui nécessite un dosage aux petits oignons, sinon autant aller en forêt et prendre une bouchée de champignon toxique, ça revient au même, si on n'en meurt pas.|couper{180}
